Ciel ! Des ingénieurs amish !

Daniel Schneidermann - - Alternatives - Le matinaute - 161 commentaires

Que faire ? On peut s'asseoir sur le bord de la route, et entreprendre le décompte, furieux ou accablé, des mesures préconisées par la convention citoyenne pour le climat, et sur lesquelles, l'une après l'autre, contrairement à la fameuse promesse "sans filtre" de Macron, le pouvoir rétropédale. Et ce décompte, rappelé voici quelques jours par France Info, et qui commence à largement dépasser les trois "jokers" revendiqués par Macron, est en effet accablant.

La 5G ? Non aux "Amish". La suppression des lignes aériennes pour les trajets effectuables par le ferroviaire en moins de quatre heures ? "Il faut savoir raison garder". Ce sera plutôt deux heures trente. Interdire l'extension d'aéroports existants ? Il y aura des "extensions sobres" (Djebarri, secrétaire d'Etat aux transports). Le malus pour les SUV ? "Il faut protéger les emplois industriels" (Le Maire, ministre de l'Economie). La taxation des billets ? "Non à l'aviation bashing" (Djebarri). Etc etc. 

Hier soir encore, en visite dans la Vésubie après le catastrophique passage de la tempête Alex, Emmanuel Macron a plaidé, sur TF1 et France 2, pour demander "un peu plus de temps" à propos de la taxation du transport aérien. "Nos concitoyens qui travaillent à Toulouse, est-ce que c'est maintenant qu'il faut aller très vite ? Peut-être qu'il faut prendre un peu plus de temps. Cette transition ne peut être menée que si on arrive à rassurer nos concitoyens".

Pour justifier tous ces reculs, c'est l'emploi qui est mis en avant par le gouvernement. A juste titre. Fin du monde, fin du mois : ce devrait être le même combat. Or les emplois les plus menacés, on les connait. Ce sont, entre autres, ceux de l'aérien, et de l'automobile. C'est pourquoi le combat prioritaire devrait porter aujourd'hui sur la reconversion des salariés concernés. Qui en parle?

Qui en parle ? Justement, un excellent article de Reporterre, voici quelques jours explorait la question. Il esquisse des pistes. Et d'abord une méthode : partir des compétences spécifiques des salariés de ces secteurs menacés, pour voir dans quel secteur une reconversion serait la plus utile. Et ce ne sont pas d'irréductibles Amish qui le disent. Ce sont des élèves ingénieurs, ou d'anciens élèves, de Sup Aéro. "L’appareil commercial, l’organisation du voyage, l’assistance aux voyageurs, la gestion de la sécurité, ce sont des choses que les salariés ont l’habitude de faire, et ils peuvent le reconvertir dans un autre moyen de transport, ce n’est pas attaché à l’aérien", explique par exemple Grégoire Carpentier, fondateur du collectif Supaero Decarbo. "Faire un avion, c’est faire quelque chose de solide et de léger, c’est une contrainte forte qui peut être déclinée pour plein d’autres applications" précise Ange Blanchard, élève ingénieur à Supaero. Si des élèves ingénieurs pensent ainsi, fondent un collectif, alors tout n'est peut-être pas perdu.


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