Canal+, Le Parisien, France 3 : dernières nouvelles

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 28 commentaires

A Canal+, il ne fait pas bon avoir signé le communiqué de soutien à Sebastien Thoen. Pour mémoire, Sebastien Thoen est cet humoriste de la chaîne Bolloré, licencié en novembre 2020 après une parodie de l'émission d'extrême droite L'heure des pros, de Pascal Praud. 150 salariés de la chaîne l'avaient alors soutenu publiquement. Ces salariés, ces derniers jours, ont été convoqués individuellement, et interrogés sur leur signature. Leur a-t-on demandé de s'excuser, comme l'affirment certains ? La direction le dément. "Certains veulent revenir sur leur signature, précise la direction. Il leur a simplement été dit que la parole était ouverte". Délicieuse "ouverture" de la parole, dans la chaîne détenue par le recordman mondial des procédures bâillons.

C'est dans Le Parisien, que je trouve cette information. Le Parisien est ce journal qui vient par ailleurs de publier un éditorial de son directeur, Jean-Michel Salvator, sur la condamnation de Nicolas Sarkozy à un an de prison ferme pour corruption. Cet éditorial est critiqué par les syndicats du journal pour son indulgence envers Sarkozy.  Seuls les mauvais esprits remarqueront que le propriétaire du journal est Bernard Arnault, par ailleurs témoin de mariage  de Nicolas Sarkozy lors de sa précédente union. (Pour information, l'autre témoin de Nicolas Sarkozy était Martin Bouygues. Par ailleurs, rien à voir, mais Nicolas Sarkozy sera ce mercredi soir l'invité du 20 Heures de TF1, pour s'exprimer librement sur sa condamnation pour corruption).

Ce sont les dernières nouvelles des médias des milliardaires. Et sur le service public ? Il faut lire l'édifiante histoire de notre confrère de France 3 Joseph Tual, telle que la raconte Loris Guémart. En 2018, Joseph Tual avait un scoop : l'ordonnance de renvoi de Sarkozy devant le tribunal correctionnel, dans ce même procès pour corruption. Comment ses chefs n'en ont pas voulu, et comment de fil en aiguille France 3 a licencié le journaliste qui avait le tort d'avoir un scoop : les chercheurs qui, plus tard, travailleront sur la télévision publique en France sous la Ve République, pourront le faire à partir du cas de Joseph Tual. Il faut dire que Joseph Tual est un récidiviste. Pour mémoire, notre émission avec lui, en 2010, est ici.


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