Brexit : et à la fin, c'est le clown qui gagne
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 291 commentaires
Donc, le clown a gagné. Avec 361 sièges au Parlement (la majorité absolue est de 326) le Parti conservateur remporte une victoire historique aux législatives britanniques. La déroute du Parti travailliste de Jeremy Corbyn est totale. Boris Johnson a gagné, Boris le clown, Boris le menteur, Boris le tricheur, Boris le putschiste, Boris qui esquive les questions des journalistes, tel que n'a pas cessé de tenter de l'assassiner, en Grande-Bretagne et ailleurs, la presse pro-UE (tandis que la presse britannique pro-Brexit, ne l'oublions pas, se transformait en tracts électoraux).
Here is tomorrow's @Daily_Express#FrontPage:
— Daily Express (@Daily_Express) December 11, 2019
- #Brexit and Britain is in YOUR hands - vote @Conservatives in the #GeneralElection2019#TomorrowsPapersTodaypic.twitter.com/lxmK98pnUE
Jusqu'au dernier moment, la presse pro-UE n'aura cessé de traiter Johnson de clown et de le taxer de démagogie, comme nous le relevions dans cette émission. Ce matin encore, dans le compte-rendu du Monde
de la victoire conservatrice, la correspondante à Londres Cécile Ducourtieux évoque "son slogan simpliste, répété ad nauseam", "Get BRexit done"
. Sans doute ma consœur connaît-elle des slogans électoraux d'une exquise complexité, que les candidats se gardent de trop répéter, pour ne pas froisser les oreilles délicates de l'électeur.
Au nombre des toutes dernières clowneries de la campagne : Boris s'est "caché dans un frigo"
, pour éviter de répondre aux questions des journalistes, entendait-on encore ce matin sur France Culture. Que s'est-il passé ? Si j'en juge par cette video, le Premier ministre, au cours d'une opération de com' à consommation purement locale, a tenté d'échapper au micro d'un questionneur sarcastique de la chaîne ITV, style Barthès (Barthès british, bien sûr), pendant qu'un de ses chargés de presse envoyait les journalistes "se faire foutre"
.
Boris Johnson hides in fridge on live TV while dodging interview on eve of election pic.twitter.com/bpBidNMgnu
— The Independent (@Independent) December 11, 2019
Donc, ou bien la majorité du peuple anglais -et non britannique, le peuple écossais est manifestement d'un avis différent- est lobotomisée par ses tabloïds. Ou bien il faut se résoudre à cette incroyable conclusion : ce peuple veut véritablement le Brexit. Il veut le Brexit à tout prix, pour des raisons qui lui appartiennent, malgré les clowneries de BoJo. Ou grâce à elles, allez savoir.
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