Boomers : un offensé parle

Daniel Schneidermann - - Coups de com' - Le matinaute - 337 commentaires

Donc, Julien Bayou, tête de liste EELV aux élections régionales en Ile-de-France, n'avait "pas validé" le visuel "boomers" de la campagne de sa liste, ce visuel associant âge, richesse et insouciance coupable, qui a déclenché le scandale virtuel du week-end. "Je ne l'avais pas validé, mais j'en prends la responsabilité", dit-il. Ce visuel, "maladroit et blessant", il l'a pourtant tweeté lui-même. Mais peut-être, obnubilé par le fond du message (inciter les non-boomers à vérifier leur inscription sur les listes électorales), ne l'avait-il pas vu non plus en le tweetant. C'est prenant, une campagne électorale.

Plus cruel peut-être que toutes les réactions françaises scandalisées, le correspondant du Monde en Allemagne, Thomas Wieder, a tweeté les visuels de campagne du Vert Winfried Kretschmann, 71 ans, qui vient d'être réélu pour un 3e mandat à la tête du Bade- Wurtenberg. 

Console-toi, jeune Juju : si l'objectif d'une campagne de communication est de faire parler, en bien ou en mal, celle-ci est pleinement réussie.

Étrange expérience. Pour une fois, en qualité de boomer, je suis dans le rôle de la communauté minoritaire offensée. Gravement offensé, même : en raison de mon âge,  on me suppose indifférent à la catastrophe climatique, et on me place au même niveau que les deux catégories des chasseurs, et des fachos. Pire peut-être, on me suppose capable d'associer une chemise de croisiériste et un bermuda à poches.

 Je devrais donc, comme tous les offensés, hurler à l'offense. Ce sont les règles du jeu. Mais je vais décevoir mes camarades offensés, boomers, chasseurs, fachos, et les autres : je dois être un très mauvais offensé. En fait, cette gaffe ridicule me donne surtout envie de plaindre les gamins d'EELV (et Bayou lui-même qui, à bientôt 41 ans, est aux portes de la boomeritude). Et en aucune manière cela ne me dissuadera de voter pour EELV, si tel devait être finalement mon choix aux élections régionales. Car, parmi ses nombreuses marques de décrépitude, le boomer a appris à relativiser.


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