BFM et la police : une journée en fourragère

Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 155 commentaires

"Gérald t'es foutu, Darmanin est dans la rue !" ricanait ma twittosphère, avant la manifestation policière de mercredi, à laquelle le ministre de l'Intérieur a annoncé qu'il participerait. De quelle nature sont donc ces images, d'un ministre se mêlant à ce rassemblement devant l'Assemblée, dont un slogan fut "le problème de la police, c'est la justice", fidèlement suivi par... le préfet Didier "Interdictor" Lallement  ? Simplement baroques ?  Ou bien faut-il les inscrire dans une "séquence", où l'on voit des militaires, en retraite ou d'active, menacer de putsch ?

Et de même, comment regarder ce premier secrétaire du Parti Socialiste Olivier Faure demandant d'accorder "un droit de regard" à la police, sur l'exécution des peines ?  S'agissant d'un politique, censé maîtriser les fondamentaux de la séparation des pouvoirs, est-ce une simple perdition individuelle ? L'indice d'un effondrement général ? "Manifestation factieuse" prononça tout aussitôt Mélenchon, qui fut donc le seul, comme lors de l'épisode de la lettre ouverte des généraux, à qualifier l'événement avec la profondeur historique, et internationale, nécessaire. Comment qualifier autrement une manifestation dans laquelle un participant confie son impatience que "les digues cèdent"(écouter la déclaration intégrale, elle est plus prudente) ?

Toute en fourragère depuis le matin pour cette journée historique, BFM diffusa néanmoins en direct, et toute entière, la conférence de presse de Mélenchon (on peut l'écouter ici en intégrale). Mais le gaillard n'allait tout de même pas s'en tirer si facilement. Le discours à peine terminé, il fut bastonné comme il convenait par la journaliste-maison, Amandine Atalaya, sur le thème : "Il a été le premier à s'en prendre à la Justice depuis la fameuse histoire de «la République, c'est moi, et sa condamnation à trois mois de prison avec sursis". Et il a un contentieux personnel avec les syndicats de police, qui avaient appelé à manifester devant La France insoumise.

Un contentieux personnel ? Peut-être. Sans doute. L'animal est rancunier, on le sait. Et alors ? Si le vécu personnel d'un responsable politique contribue à l'aider à métaboliser une situation historique, alors vive le vécu !


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