Betancourt : James Bond bat Sarkozy (1 à 0)
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 73 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Et finalement, James Bond arriva
,
avec son hélicoptère blanc, et une savante infiltration des méchants.
Délices et affres de la récupération à la française. Alors, et notre
Sarkozy, dans tout ce film ? Et les manifs à ballons blancs sur fond
de tour Eiffel, et les portraits géants, et le "Monmari ne renoncera jamais" de Bruni sur le pavé de Paris ? Quelle efficacité ? Disons que la question "fait débat". "La pression mise par Sarkozy a certainement convaincu Uribe de tout faire pour libérer Ingrid", croit savoir François Sergent, éditorialiste à Libé. "De fait, la libération d'Ingrid Betancourt a peu à voir avec Sarkozy", réplique, dans le même journal, Jean-Hébert Armengaud. Allez vous faire une idée ! |
Au matin de la libération de Betancourt, c'est Rama Yade que le pouvoir a dépêchée sur le front des radios, de RTL à France Inter, pour pavoiser, sans trop s'appesantir sur l'efficacité des actions des uns et des autres. Il fallait tout essayer, explique-t-elle sans conviction. Y compris ce qui n'a jamais rien donné: la médiation Chavez, et les discussions avec les FARC. L'intéressé lui-même, d'ailleurs, ne parait pas convaincu de l'efficacité de son propre activisme. "Dans la dernière ligne droite, qui a été décisif ? "demande-t-on à Sarkozy, avec un imperceptible sadisme, sur France Inter. Instant interminable d'hésitation. "Dans la dernière ligne droite, les Colombiens", répond-il finalement. Entre les lignes et les silences, on croit deviner que Uribe l'a menée tout seul, son opération James Bond. Tout seul comme un grand, sans prévenir ni Chavez ni la "douce France".
Et Sarkozy, dans tout ça ? Vaines questions matinales, que l'on ne se posera que dans quelques cercles de pinailleurs, ici et ailleurs. Aux journaux de 20 Heures, il est probable qu'un sourire rayonnant, et la belle image de la famille rassemblée autour du président, éclipsera tout le reste.