Alors, tu vas encore nous parler de la ZAD ?

Daniel Schneidermann - - Alternatives - Le matinaute - 79 commentaires

Alors ce matin, tu nous parles de Macron, j'imagine ! Pourquoi ? Il a dit quelque chose? Oui. Que le lien entre l'Eglise et l'Etat était abimé, et qu'il fallait le réparer. Et alors ? Eh ben, la laïcité, tout de même ! La loi de 1905 ! Ce scandale qui... Mais ce discours, que va-t-il changer ? Euh, dans l'immédiat, rien. Un peu comme celui de Sarkozy, quand il avait dit que jamais l'instituteur ne pourrait remplacer le curé ? Voilà. Dans ce genre. Alors pourquoi tout le monde en parle aux radios du matin ? Mais...parce qu'il faut bien parler de quelque chose. Et qu'on ne va tout de même pas traiter le même sujet deux matins de suite. 

Par exemple, on ne va pas parler de la ferme des cent noms. La ferme des quoi ? Des cent noms. C'est un des lieux de vie de la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes. Et il a été rasé hier. Tu vas nous parler de la ZAD deux matins de suite ? T'es fou. Tu vas perdre des visiteurs uniques. Eh bien, ils auront tort. Parce que la ferme des cent noms, c'était une vraie expérience agricole.  Une serre, une bergerie, des ânes, des moutons. Alors pourquoi elle a été rasée ? Parce que ses initiateurs ne voulaient pas s'inscrire individuellement à la préfecture. Afin, comme disent Jade Lindgaard et Christophe Gueugneau dans Mediapart, "de maintenir le cadre commun et solidaire de la zone, permettant de mutualiser les moyens et les idées, ainsi que d’éviter l’émiettement des terres"

Selon la préfecture, citée par Mediapart, "aucun projet agricole individuel n’a été déposé aux Cent Noms"Et c'est pourquoi la ferme a été rasée, ce qui a révolté tous les zadistes, et même les "bons" zadistes, ceux qui prônaient le dialogue avec les autorités Aux yeux de l'Etat, une seule solution pour l'agriculture : chacun chez soi, chacun pour soi, chacun sur ses cinq hectares, chacun ses traites qui te plombent pour trente ans. La mutualisation ? Pourquoi pas les kolkhozes, tant qu'on y est. A la limite, s'ils avaient développé une appli, aux cent noms, s'ils s'étaient entre-notés les uns les autres, avec des commentaires et des étoiles, on aurait pu discuter. Mais ce projet ringard !

Alors, c'est pour cette raison, que... ? Oui. Raser la ferme des cent noms, c'est une décision éminemment politique. Le tas de planches, il est concret. Plus concret qu'un discours aux évêques, voué à l'oubli. 


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