Casse-toi, pauvre Net !

Daniel Schneidermann - - La vie du site - 44 commentaires

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Cette fois, ça commence vraiment à sentir le roussi. La France est sans doute le seul pays, où l'émergence d'un media aussi révolutionnaire que l'Internet, riche de promesses démocratiques autant qu'économiques, peut être qualifiée de problème par le président de la République en exercice. Et s'il n'y avait que des paroles ! Mais les actes sont à l'unisson. A l'égard de l'Information sur Internet, la politique de la Sarkozie semble double. S'en plaindre (le Casse-toi pauvre con, diffusé par le site du Parisien, n'a manifestement pas été pardonné), et faire tout ce qui est dans les moyens (limités mais réels) du pouvoir pour assécher ses financements publicitaires, en les canalisant à toute force vers les dinosaures de la télévision privée.

Sommes-nous au début d'une offensive de la Sarkozie contre le problème du Net en général, et les sites de presse en particulier ? Faites-vous une opinion vous-même, en lisant notre observatoire.

Nous verrons bien.

En tous cas, la tribune du conseiller médias de l'Elysée, Franck Louvrier, publiée (fort peu innocemment) dans Libération, fleure la nostalgie d'un monde dans lequel les rapports entre politiques et médias étaient limités à un petit nombre d'acteurs familiers et interdépendants.

L'opposition de Sa Majesté, que représente par exemple un Philippe Ridet (du Monde) régulièrement mouché en conférence de presse, et qui semble adorer cela, convient parfaitement au Palais. Ah, si le jeu pouvait continuer ainsi, indéfiniment, entre meilleurs ennemis du monde ! Mais comment contrôler ces moustiques que sont Eolas, le Rezo, Bakchich, nonolimit, Birenbaum, ou @rrêt sur images ? Comment museler le Réseau Education Sans Frontières, qui a trouvé grâce au Web un puissant levier de mobilisation ? Et surtout, comment contrôler les centaines de milliers de lecteurs-propagateurs anonymes qui constituent la force de la Toile ?

Dans sa tribune de Libé, Franck Louvrier sort son plus beau mouchoir, pour déplorer qu'aucun site n'ait encore trouvé son modèle économique. Mais si, Franck Louvrier, prenez votre microscope, et regardez donc @rrêt sur images, ça marche très bien. Et ça ne fait que commencer. D'autres suivront. Sous une forme ou sous une autre, mais ils suivront.

C'est ici, sur Internet, grâce à vous tous, que notre site a trouvé les moyens d'une totale indépendance. Nous sommes bien décidés à la défendre, et à en faire usage. Pour cette raison, cette chronique, comme tous les prochains contenus qui seront ultérieurement consacrés à l'offensive Casse-toi pauvre Net, si elle se précise, seront d'Utilité Publique, c'est à dire que nous les laisserons en accès libre. Faites-les circuler. Envoyez-les à la terre entière. C'est la riposte la plus efficace.

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