Comme Philippe et Marine, le président combat l'esprit de jouissance
Daniel Schneidermann - - Pédagogie & éducation - La petite cour - 110 commentairesIls déjeunent, goûtent, ou dînent tous les jours dans les palais des ministres ou de la télévision. Leur comportement exemplaire offre chaque jour de remarquables exemples de morale, dont chaque enfant devrait s'inspirer. Aujourd'hui, le malaise à la table des ministres, quand le président a reproché à Élisabeth d'avoir évoqué négativement la mémoire de Philippe. La vie édifiante de "La petite cour" est illustrée par Vincent Mahé.
Avant tout, Philippe fut un grand soldat. Au cours d'une guerre ancienne et meurtrière, il se montra un chef proche de ses hommes, et économe de leurs vies. Immensément populaire, il fut donc promu maréchal, le plus haut grade de l'Armée française.
Si Philippe détestait la guerre comme tous les militaires, il aimait les choses saines : le rude labeur des semailles et des moissons, les fillettes blondes lui offrant des bouquets lors de ses visites, et surtout leurs mamans au rôle irremplaçable, qu'il eut à cœur d'honorer par une fête annuelle. Il aimait aussi voir travailler les jeunes garçons en uniforme dans des chantiers au grand air, plutôt que de s'abrutir dans les livres. Et il aimait bien entendu sa patrie, si belle jusque dans ses malheurs, malheurs qu'il tenta d'atténuer au soir de sa vie, en faisant don de sa personne.
Un peu de contexte
Après qu'Élisabeth Borne, poussée par le journaliste Frédéric Haziza sur Radio J, a estimé que le Rassemblement national était "l'héritier de Pétain"
, Emmanuel Macron a dénoncé, en plein conseil des ministres, les "postures morales"
dans la lutte contre le Rassemblement national, en ajoutant : "Vous n'arriverez pas à faire croire à des millions de Français qui ont voté pour l'extrême-droite que ce sont des fascistes"
.
En 2018, le chef de l'Etat avait déjà estimé que le vainqueur de Verdun avait été "un grand soldat"
au cours de la guerre de 1914-1918, même s'il a "conduit à des choix funestes"
en 1940. Le recadrage de la première ministre par le chef de l'État a suscité un certain malaise dans le camp présidentiel.
En revanche, il redoutait l'esprit de jouissance et les mensonges, qui font du mal. Il envoya des milliers de personnes suspectes d'esprit de jouissance, parasitaires, et peu aptes aux travaux des champs, dans des camps de travail très durs. Très peu en revinrent. D'autres eurent l'autorisation de demeurer dans le pays à condition de porter une étoile de couleur jaune, mais en ayant interdiction de propager l'esprit de jouissance dans les jardins publics et dans le métro (sauf dans la dernière voiture). Mais Philippe était alors devenu un vieillard prisonnier d'un envahisseur cruel.
Jeune et moderne, le président lui aussi chérit le travail, qui épanouit l'homme. Il aime lui aussi sa famille et les succès de sa patrie, sauf lorsqu'ils sont dûs à des artistes dégénérés qui le critiquent injustement, comme Justine, ce qui n'est pas bon pour l'image de la patrie.
Le président est l'adversaire impitoyable de Marine. Marine est la fille de Jean-Marie, qui fut ami dans sa jeunesse avec bien des admirateurs de Philippe. Mais c'est de l'histoire ancienne. Quand la première ministre Élisabeth, elle aussi adversaire impitoyable de Marine, a dit que Marine était donc elle-même l'héritière de Philippe, le président n'a pas apprécié que l'on mêle ainsi la mémoire de Philippe aux basses polémiques d'aujourd'hui. A la grande réunion du mercredi de tous les ministres, il lui a lancé sans la regarder que ces propos étaient maladroits. Élisabeth a regardé ses chaussures.
Comme Philippe, le président aime les jeunes gens et les jeunes filles en uniforme. Lui aussi juge inutile que ces jeunes fassent des études trop longues qui ne déboucheront pas sur un travail sain mais plutôt sur le chômage, générateur d'esprit de jouissance. Parce que le travail rend digne, il veut faire travailler les travailleurs jusqu'au bout de leurs forces. Il n'aime pas les grèves qui dressent les travailleurs contre les patrons qui créent de l'emploi. Comme Philippe, le président veut lutter contre les étrangers parasites qui mangent le pain de ses compatriotes, dont il comprend la détresse. Comme Philippe, il déteste les mensonges de tous ceux qui ne pensent pas comme lui.
Personne ne sait ce que le président pense profondément de Philippe, il n'en a jamais parlé. Peut-être dans le secret de son coeur, pense-t-il que si Philippe a eu tort d'envoyer les personnes parasitaires dans des camps de travail excessivement durs, il avait raison d'aimer le travail, la famille et la patrie. Mais à propos de son adversaire Marine, le président pense préférable de souligner qu'elle est inefficace, paresseuse, et étourdie en calcul mental, plutôt que héritière de Philippe.
Moralité
Le président n'aime pas que l'on critique Philippe, même si c'est pour combattre Marine. Il est préférable de combattre Marine à la loyale, en s'appliquant mieux qu'elle à défendre le travail, la famille et la patrie, contre les personnes parasitaires, peu aptes aux travaux des champs.