Zone Interdite / Migrants : un réalisateur de Zone interdite se démarque

Laure Daussy - - 0 commentaires

Une même émission, deux reportages, deux manières de travailler différentes.

@si a longuement traité dans cette émission de la polémique autour du reportage de Zone interdite sur M6 consacré à des migrants camerounais. Ces migrants accusant les réalisateurs de les avoir incité à émigrer depuis la Libye vers la France, leur promettant de leur payer tout le périple. @si le racontait ici.

Dans Zone interdite, une autre partie du reportage était consacrée au périple de migrants afghans vers la France, tournée par deux autres réalisateurs, Claire Billet, située en Afghanistan, et Olivier Jobard. Celui-ci tient à se démarquer de l'autre reportage et le dit dans une interview à Télérama.

Il assure n'avoir eu aucune pression concernant les conditions de tournage. "J’ai reçu un forfait de 10 000 euros, je me faisais rembourser les frais et prêter le matériel. Je me contentais de "livrer" les images, sans contrôle sur le montage ni le commentaire final. En échange, j’ai eu une liberté totale, aucune pression, ni sur le temps que cela prenait, ni sur les méthodes de réalisation." Le réalisateur assure n'être jamais intervenu sur les faits et s'être contenté de suivre les migrants. "On s’est greffés à une action en cours, on n’est en rien intervenus sur son déroulé. On se calquait sur le rythme de leur progression, pas l’inverse ! C’est par les passeurs qu’on savait où ils étaient arrivés."

Comment le réalisateur est-il entré en contact avec eux ? "Pendant un mois, à Jalalabad, Claire a cherché un passeur qui accepte notre caméra et nous présente des gens déjà en partance. Il faut toujours éviter ceux qui vont vous prendre pour un beau pigeon de Blanc, ceux qui risquent de flancher en cours, s’assurer qu’ils ont l’argent nécessaire, et enfin, qu’il y ait un bon feeling", explique Jobard.

Télérama est également allé à la rencontre de Luqman, l'un des seuls migrants afghans suivis par Jobard qui soit parvenu jusqu'en France et qui y soit resté. Ses relations avec le reporter ne sont pas aussi tumultueuses que pour les migrants camerounais. "Rien ne lui a été promis par les journalistes, assure-t-il. Sa famille a entièrement payé son voyage – 12 000 dollars. S’il a accepté les caméras, et de tourner lui-même des images, c’est pour « pour montrer tout ce qu'[il a] vécu", écrit Télérama. De son côté Jobard détaille : "Quand Luqman est arrivé, je lui ai fait comprendre qu’il ne pouvait pas rester toute la journée chez moi, qu’il devait faire sa vie. Il attendait plus, il était énervé, faisait la gueule. C’était tendu. Puis il a compris. Aujourd’hui, je lui lave de temps en temps son linge, l’aide quand il a un problème de santé, de papiers, lui trouve des cours de français…"

Retrouvez notre émission sur la polémique Zone interdite ici.

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