Valeurs Actuelles : marketing et idéologie (Les Inrocks)
David Medioni - - 0 commentairesLa droite dure a enfin son laboratoire. Ce laboratoire est un journal :
Valeurs Actuelles. L'hebdomadaire autrefois confidentiel fait aujourd'hui parler de lui chaque semaine sur les réseaux sociaux. Cela en suscitant l'indignation grâce à des couvertures choc telles que "Roms : L'overdose" ou encore "La France barbare" qui traitait de la délinquance. Les Inrocks se sont plongés dans la recette Valeurs Actuelles. Surprise : elle tient plus du marketing que de la véritable conviction politique. Les Inrocks racontent comment le nouveau directeur de la rédaction depuis l'automne 2012, Yves de Kerdrel - (ex des Echos et du Figaro), de conviction libérale, proche de Nicolas Beytout - a décidé de faire prendre un virage éditorial à l'hebdo. Son credo : faire monter les ventes en étant combatif. Pour cela rien de tel qu'un bon test marketing. |
"Le renouveau du titre part d’une simple étude marketing, la première action qu’a menée Yves de Kerdrel à la tête de son nouveau journal. Caché derrière une vitre sans tain, il regarde des lecteurs feuilleter son magazine pendant quatre heures, accompagnés de psychologues. Premier enseignement de cette étude clinique : les lecteurs en ont marre de la politique politicienne. Nous sommes alors en plein psychodrame à l’UMP, suite à l’élection interne de novembre 2012. Les développements de la guerre Copé-Fillon exaspèrent le lectorat de droite qui lance un cri du coeur : “Faites de la société, de la société et rien que de la société ! Parlez-nous de la famille, de la justice, de la sécurité, de la crise de l’autorité.” Message entendu : la droite des valeurs va chasser la droite des rancoeurs Copé-Fillon des pages de Valeurs actuelles" racontent Les Inrocks.
Et la nouvelle formule faite pour "coller à la droitisation de la société" est un succès. Les ventes en kiosque sont passées de 10 000 par semaine à 25 000 et la diffusion totale frôle les 100 000 exemplaires. Une progression qui fait rêver tous les autres hebdomadaires, en pleine crise. Et aussi les politiques : selon Les Inrocks, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, aurait sollicité plusieurs fois la rédaction pour faire la couverture. De même, François Fillon qui a voulu casser son image de modéré (@si vous en parlait ici ) a fait la Une de Valeurs Actuelles début octobre. "Il a fait des pieds et des mains pour la faire pendant six mois", raconte de Kerdrel. Lors d'un déjeuner en mai dernier, Fillon lance même "Alors quand est-ce que vous vous intéressez à moi". Valeurs Actuelles peut-il un jour supplanter Le Point ou L'Express dans le coeur des lecteurs de droite ? A suivre.