Tron démissionne, et met en cause la presse
Gilles Klein - - 0 commentairesGeorges Tron a démissionné dimanche du gouvernement, a annoncé dans un communiqué le Premier ministre François Fillon. Dans sa lettre de démission, l'ex-secrétaire d'Etat à la fonction publique met en cause la presse.
"M. Georges Tron, secrétaire d’Etat à la fonction publique, a informé ce jour le Premier ministre François Fillon de sa démission du gouvernement. Le Premier ministre, en accord avec le Président de la République, prend acte de cette décision qui ne préjuge en rien des suites qui seront données par la justice aux plaintes déposées contre Georges Tron et dont il conteste le bien fondé.François Fillon salue le courage et le sens des responsabilités de Georges Tron qui a ainsi fait prévaloir l’intérêt général. Cette décision lui permettra d’assurer désormais sa défense en toute liberté." indique le communiqué.
L'Express publie des extraits de la lette de démission de Georges Tron : "La campagne de presse qu'elles ont provoquée - avant toute intervention de l'autorité judiciaire - a reçu un tel écho dans les médias, que nos concitoyens peuvent me considérer comme coupable avant que mes droits aient pu commencer à être mis en oeuvre: songez, Monsieur le Président de la République, que je n'ai même pas encore connaissance de la plainte qui me vise, la procédure ne le prévoyant pas (sans doute parce qu'elle ne prévoit pas non plus le procès public qui m'est fait)".
Libération publiait samedi des détails sur les accusations portées contre Georges Tron (accusé d'agression sexuelle), et revenait sur les relations entre Tron et la sœur de la leader frontiste, Marie-Caroline Le Pen.
«Ça commence toujours par le pied», répète à Libération «Eloïse», 36 ans, relieuse de profession, embauchée fin 2006 à la mairie de Draveil comme «rédacteur à l’atelier du livre», puis licenciée pour «faute professionnelle» en avril 2009. "Belle brune plutôt «libertine», selon Libération qui n'explique pas ce dernier adjectif, Eloïse, mère célibataire d’un petit garçon, dit avoir été «séduite» par Georges Tron et avoir entretenu une liaison consentie avec lui au départ, «croyant à une relation affective». Après «la mise en place d’une relation à trois avec Mme G. au printemps 2007» puis sa rencontre avec un autre homme, elle aurait voulu tout arrêter mais en aurait été empêchée. "C’est «trois à quatre semaines» avant l’affaire DSK qu’«Eloïse» et «Laura» ont pris contact «par mail» avec le très médiatique avocat Gilbert Collard, par ailleurs avocat de Marine Le Pen, puis l’ont rencontré «à l’hôtel Lutétia» mais «le rendez-vous pour finir la plainte est tombé le lendemain de l’histoire DSK à New York» selon «Eloïse», «coïncidence» à ses yeux. Tron y voit plutôt une vengeance des deux licenciées de sa mairie sur fond de règlement de compte politique, lié au «conflit» qui l’oppose «depuis des mois» avec Jacques Olivier, époux de Marie-Caroline Le Pen. |
Dans un second article, Libération revient sur les connexions de l'affaire Tron avec Marine Le Pen. "Le couple Olivier-Le Pen habite Draveil, dans le quartier chic de Champrosay. Selon le Parisien (qui a couvert l’affaire ici et puis là), Philippe Olivier a rejoint une association de riverains qui ferraille avec la mairie sur le projet, tranché en décembre 2009, de réhabilitation du site de l’hôpital Joffre, un terrain de 11 hectares. (...)L’association Champrosay-village est vent debout contre un «scandale financier, écologique, social» défigurant le quartier, selon les riverains, rapporteLe Parisien. "D'après Georges Tron, c’est donc pour se venger de ce conflit sur le projet Joffre que le couple Olivier-Le Pen aurait fait fuiter l’affaire de la belle-sœur. Explication: en février, Rue89 révèle que la belle-sœur du maire de Draveil a bénéficié pendant deux ans d’un contrat subventionné avec la ville, destiné «aux personnes en grande difficulté». "Le camp Le Pen renvoie coup pour coup. Deux jours plus tard, Marine Le Pen, elle-même, lâche : «Tout ça le dérangeait moins quand il était hébergé par la famille Le Pen à Draveil.» Allusion à un appartement, propriété du fils du couple Olivier-Le Pen, que Georges Tron aurait loué ou dans lequel il aurait été «hébergé» selon les versions. |
Sur BFM TV, dans sa chronique du 27 mai, la journaliste politique Ruth Elkrief s'étonne que le gouvernement se taise face au cas Georges Tron, et se demande si "on va laisser longtemps Marine Le Pen se poser en défenseur des femmes et des principes moraux" |
Dans une déclaration au Parisien/Aujourd'hui en France de samedi, Tron, qui avait été reçu vendredi par le Premier ministre François Fillon, déclarait : "je ne veux pas devenir gênant. Est-ce que la question de ma démission du gouvernement se pose ? Oui, ce serait idiot de dire l'inverse", en répétant que les accusations contre lui sont "fantaisistes".
Sa démission est intervenue un jour après ces déclarations.
L'occasion de lire notre observatoire Agressions sexuelles par élus: l'après-DSK a commencé.