Téléréalité : risques très réels des équipes (LA Times)
Gilles Klein - - 0 commentairesLa téléréalité et les documentaires d'action et d'aventure se mélangent pour attirer l'audience aux USA. Mais les budgets restreints, souligne une enquête du Los Angeles Times, obligent les équipes de tournage à prendre de plus en plus de risques…
"Les risques de la téléréalité sont plus que réels pour les équipes de tournage." Émissions de téléréalité d'aventure et documentaires inspirés par la téléréalité "sont devenus une niche lucrative pour des chaînes avides d'audience", explique le Los Angeles Times. Mais les risques, ajoute le quotidien, sont dans ces deux types de programmes de plus en plus élevés pour les participants ou les équipes de tournage : "Les restrictions budgétaires, le manque de personnel de sécurité correctement formé et les pressions pour obtenir des images spectaculaires sont à l'origine d'accidents graves voire mortels, témoignent des producteurs de télévision, des consultants en sécurité et des syndicats." |
Le Los Angeles Times raconte notamment comment la productrice Monica Martino a été projetée dans les eaux noires d'un fleuve alors qu'elle était en tournage pour Bamazon, une série de la chaîne câblée History (Bamazon est consacrée à des chômeurs du bâtiment venus d'Alabama chercher de l'or dans la forêt tropicale du Guyana). |
La productrice, qui n'a pas totalement récupéré à la suite des ses blessures, a quand même repris son travail puis a été licenciée quand un médecin a indiqué qu'ellle devait être opérée de l'épaule. Elle se prépare maintenant à faire un procès à son ex-employeur, Red Line, dont le budget pour Bamazon serait de 6 millions de dollars selon la base de données IMDB sur le cinéma et la TV.
Les statistiques de l'Occupational Safety and Health Administration (OSHA) de l'État de Californie ne recensent qu'une douzaine d'accidents au cours des cinq dernières années. Ceci parce que beaucoup d'incidents et d'accidents ne sont pas signalés : soit les équipes de tournage ont signé un accord de confidentialité, soit elles ont peur de se retrouver en liste noire si elles les signalent. Les compagnies d'assurance, quant à elles, commencent à rechigner à couvrir les programmes les plus risqués. L'un des principaux assureurs du secteur, le Fireman’s Fund, (filiale du groupe Allianz), dit avoir couvert plus de cent soixante reality shows d'action/aventure en 2012, soit 25% de plus qu'en 2011. Il a refusé cinquante contrats pour des tournages qui lui paraissaient trop risqués. |
Le Los Angeles Times cite le Canadien Lars Andrews qui se souvient de la mort d'un de ses collègues en 2010, mordu par un serpent dans la jungle vénézuélienne. C'était le dernier jour de tournage, et il y avait un infirmier dans l'équipe avec du sérum antivenimeux. Mais l'homme choqué n'avait pas pu être évacué à temps en hélicoptère, car la nuit était tombée.
De l'autre côté de la barrière, Thom Beers, fournisseur des chaînes TV, est un ardent défenseur de ce genre de programmes. Selon un site spécialisé, ses revenus atteindraient 20 millions de dollars. Il assure que les équipes sont informées des risques et qu'elles sont grassement payées : 700 à 1 000 dollars par jour pour un cameraman. La visite des sites de présentation de certaines émissions confirme les dires du Los Angeles Times. Le danger est un élément vital pour le marketing : Outback Hunters, par exemple, montre la vie de chasseurs de crocodiles en Australie. La présentation du programme met en avant le fait que les hommes y risquent leur vie. Idem pour la série Ax Men sur la vie des bûcherons dont la présentation de la 6ème saison commence en indiquant que chaque année près de cent bûcherons meurent dans des accidents. |
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