Tabasseurs cagoulés contre étudiants à Montpellier : silence des télés

La rédaction - - Silences & censures - 36 commentaires

Des étudiants chassés d'un amphi par des tabasseurs cagoulés, avec l'aide probable du doyen de l'université de droit de Montpellier : malgré de nombreuses images video, pas un mot sur les chaînes d'info continue, ni dans la plupart des JT de la mi-journée.

Pas de place dans les télés nationales pour les étudiants matraqués. Ce 23 mars au matin, le site de France 3 Occitanie relatait l’expulsion violente d’étudiants qui occupaient un amphi de la fac de droit de Montpellier. Survenue dans la nuit, cette expulsion n’est pas le résultat d’une opération de police mais le fait d’une "milice cagoulée et armée" de bâtons. Visiblement sous le choc, une étudiante évacuée qui a pu filmer en partie la scène, témoigne auprès d’un journaliste de France 3 Occitanie. Plusieurs étudiant.e.s ont été blessés et transportés au CHU suite à l'agression. A la mi-journée, le journal télévisé national de France 3 a relaté ces violences. 

Très vite, l'intérêt se concentre sur le rôle joué par le doyen de la faculté de droit, Philippe Pétel, dans cette intrusion. Selon des témoignages d'étudiants évacués, les tabasseurs cagoulés auraient pénétré dans l'amphithéâtre avec l'aide du doyen. Ce dernier, en démentant avoir lui-même donné accès aux agresseurs, a témoigné sur France 3 Occitanie, exprimant sa "fierté" face à l'initiative des étudiants qui auraient entrepris cette opération clandestine de maintien de l'ordre. Ci-dessous, l'intégralité de son interview à France 3 Occitanie.

Une "fierté" que n'a pas retenue le sujet de France 3 National à la mi-journée. La chaîne a seulement gardé les déclarations du doyen démentant avoir fait entrer des agresseurs. "Des cagoulés, j'en ai vu de temps en temps mais enfin, ils étaient plutôt dans le camp des occupants", ajoute-t-il alors.

Qui sont les agresseurs ? Le flou demeure sur cette milice, dont certains membres auraient prononcé des injures racistes et homophobes en pénétrant dans l'amphi.  Milice qui, selon le doyen lui-même, dans une interview à Libération comptait peut-être un prof de droit dans ses rangs.  

Mais il en aurait sûrement fallu davantage pour retenir l'intérêt des télés nationales. CNews et BFMTV ont consacré la première partie de la matinée à débriefer la prestation de Nicolas Sarkozy la veille au JT de TF1, à propos des financements libyens, avant de se focaliser en édition spéciale sur une prise d’otages dans un supermarché de Trèbes (Aude), revendiquée par Daech, qui a fait 3 morts et 5 blessés. Elles ont complètement ignoré le sujet. 

"Le plus grand paquebot du monde"

Quid des JT de la mi-journée ? Outre l'actualité terroriste que l'on trouve logiquement en bonne place, les téléspectateurs de Jean-Pierre Pernaut (TF1) ont notamment eu droit au portrait d'un jeune espoir français de la Formule 1, quand ceux de France 2 se voyaient offrir une visite guidée du nouveau "plus grand paquebot du monde" à Saint-Nazaire. Mais rien  sur l'évacuation violente de cette nuit.

Si l'agression n'a pas suscité l'intérêt des télévisions, elle a en en revanche provoqué une vive émotion auprès des étudiant.e.s, personnels et profs d'université de Montpellier, qui se sont rassemblés ce 23 mars en soutien aux étudiants agressés. Le président de l’université de Montpellier a quant à lui décidé de fermer la fac de droit jusqu’à lundi "afin de prévenir tout risque de troubles à l’ordre public et d’éviter toutes atteintes à la sécurité des personnes et des biens", et a déposé plainte contre X. La ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal a elle aussi condamné "ces actes de violences", et lancé une enquête de l’inspection générale de l’administration de l’Education nationale et de la Recherche (IGAENR). Le doyen de la faculté de droit Philippe Pétel, qui s’était dit "fier de ses étudiants" qu’il "approuve totalement" au micro de France 3, a finalement lui aussi déclaré dénoncer ces violences.

 Hélène Assekour et Pierre Vouhé


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