Roms / Figaro / Parisien : sondages contradictoires
Dan Israel - - 0 commentairesUn sondage permet de faire dire "aux Français" tout et son contraire, nouvelle preuve.
Jeudi 26 août, LeFigaro et Le Parisien ont tout les deux publié un sondage concernant les expulsions de Roms. Et les résultats sont très différents : dans l'enquête du Figaro, réalisée sur internet par Opinionway, 65 % des personnes interrogées approuvaient l'expulsion des Roms, alors que pour le Parisien, qui a fait travailler CSA par téléphone, ce ne sont plus que 48 % des sondés qui y sont favorables !
Comment expliquer cette différence ? La méthode est certes différente, mais en général, les chiffres ne sont pas si éloignés même avec des outils différents. Un blog du Monde.fr a déniché le lièvre : dans Le Parisien, la question porte sur des "reconduites en Roumanie de Roms dont les camps ont été démantelés cet été", alors que la question du Figaro cible "l’expulsion vers la Roumanie de Roms sans papiers". Et demander s'il est légitime d'expulser des sans-papiers apporte logiquement plus de réponses positives…
Et cette question est de fait problématique. Les Roms sont-ils des sans-papiers ? Le mot est fort. Les Roms de nationalité roumaine ou bulgare sont des citoyens européens et bénéficient donc de la liberté de circulation sur tout le territoire de l'Union européenne. "Les Roms ne sont pas des sans-papiers, a ainsi expliqué à Liberation.fr Malik Salemkour, du collectif Romeurope. Ils n'ont pas besoin de payer un visa, ils n'ont besoin d'aucun document pour circuler, hormis le passeport ou la carte d'identité." L'immense majorité des "expulsions" de Roms correspondent d'ailleurs à des "retours volontaires", assortis d'une aide de 300 euros par adulte.
Mais les Roumains et les Bulgares présents plus de trois mois sur le territoire sont aussi soumis à un "régime transitoire" jusqu'à la fin 2013 : s'ils souhaitent travailler en France, ils doivent obtenir un titre de séjour, ainsi qu'une autorisation de travail s'ils sont salariés… Le directeur des études d'OpinionWay, Bruno Jeanbart, a reconnu auprès de Liberation.fr que le terme sans-papiers "peut se discuter". Et modifier sensiblement les réponses apportées par les sondés.
Encore un exemple du flou qui entoure les sondages. Un récent sondage du Figaro sur les mesures sécuritaires du gouvernement avait fait couler beaucoup d'encre, à la fois sur les méthodes employées, et, déjà, sur les mots choisis pour les questions.