Sondage IFOP / Figaro : comment le vocabulaire a faussé les réponses
La rédaction - - 0 commentairesLe sondage IFOP sur les annonces sécuritaires du gouvernement publié le 6 août par Le Figaro n'en finit pas de susciter la controverse. Il s'agit d'un véritable plébiscite pour des mesures telles que la déchéance de la nationalité, ou la surveillance accrue des Roms. Nous vous en signalions quelques reproches sur la méthode de ce sondage le jour même. Le site "Le Grand soir" y ajoute une critique détaillée du vocabulaire utilisé dans les questions, et les réponses suggérées. Manipulation, mode d'emploi.
La critique principale adressée par l'article porte sur le contenu des questions posées. "Vous savez que le gouvernement a annoncé différentes mesures pour lutter contre l’insécurité....Le terme "lutter" est un jugement de valeur. Il aurait fallu l’enlever ou employer des termes neutres comme "à propos de", "relatives à"."
Les réponses proposées sont également contestables. Et l'article de citer plusieurs exemples révélateurs : Le démantèlement des camps illégaux de Roms" . Une vraie caricature..."illégaux" induit automatiquement ou presque la réponse. " Sa suppression dans un questionnaire neutre est indispensable, au profit de "camps non autorisés". |
"L’instauration d’une peine incompressible de 30 ans de prison pour les assassins de policiers et de gendarmes". Flagrante, l’intention de criminaliser les gens de la catégorie visée par cette modalité de réponse...""Assassins" est le terme le plus puissant sûrement, en terme de valeur. Inutilisable pour un enquêteur, semble-t-il dans un questionnaire qui ne doit influencer en aucune manière les répondants. "auteurs d’homicides sur la personne de policiers et gendarmes" paraissait absolument indiqué."
De même l'expression: "les "ressortissants d’origine étrangère" est jugée assez péjorative. L'auteur lui préférant « les Français ayant eu une autre nationalité avant d’être français».
Dernier exemple, l'utilisation du terme "d'atteinte à la vie": "Le biais est ici plus fin. L’expression distante, clinique, neutre serait "homicide sur la personne d’un policier ou d’un gendarme". L’expression choisie convoque le respect de la vie en général. Tout le monde le partage. On croit répondre sur l’atteinte à une catégorie de population précise, on respecte en réalité, quasiment religieusement, la Vie".
Le site en appelle également à saisir la commission des sondages tout en ironisant sur celle-ci: "La Commission des sondages existe, j’en suis à peu près sûr. J’ai vu son nom quelque part. Quelqu’un aurait-il de ses nouvelles? Quelqu’un aurait aperçu par hasard un de ses avis, peut-être une sanction infligée à un sondeur?..."
(Par Jean-Yves Alric)