Roms : dérapages d'un maire et de Midi Libre
La rédaction - - 0 commentairesC'est l'histoire d'un double dérapage. D'abord de celui d'un maire d'une commune du Var qui a déclaré, lors d'une réunion publique dont Mediapart s'est procuré l'enregistrement, que les secours avaient été appelés "trop tôt" pour éteindre l'incendie des caravanes de Roms dans sa commune de Roquebrune-sur-Argens. Traduction de Mediapart : le maire Luc Jousse, "aimerait voir brûler les Roms". S'en est suivi un deuxième dérapage : relayant l'information, le site de Midi Libre n'a rien trouvé de mieux que de faire un sondage en ligne auprès de ses lecteurs pour savoir si ces propos étaient choquants. Ce sondage, repéré par Guy Birenbaum, a depuis été retiré.
On sait s'amuser à Roquebrune-sur-Argens, une commune du Var. Dans un enregistrement diffusé par Mediapart (article payant), le maire UMP de la commune, Luc Jousse, a remercié les habitants du quartier d'avoir participé au plan de prévention contre les incendies avant de s'en prendre aux Roms, dans des termes pour le moins étonnants : "Je vous rappelle quand même que les gens du voyage, que dis-je, les Roms, m’ont mis neuf fois le feu. Neuf fois des départs de feux éteints par le SDIS, dont le dernier, ils se le sont mis eux-mêmes. Vous savez ce qu’ils font : ils piquent des câbles électriques et après ils le brûlent pour récupérer le cuivre et ils se sont mis à eux-mêmes le feu dans leurs propres caravanes ! Un gag ! Ce qui est presque dommage c’est qu’on ait appelé trop tôt les secours !" (rires dans la salle) :
De son côté, le maire a assuré à l'AFP qu'il s'agissait d'un "procès d'intention, une manipulation politique". "Dire que je souhaite brûler les Roms est juste honteux alors que par neuf fois, c'est moi qui ai appelé les secours!" a-t-il déclaré. Avant d'ajouter : "Ces propos sont des propos de quelqu'un du public que j'ai répétés, en disant bien qu'ils n'étaient pas de moi, et c'est une erreur, je le concède".
Et vous, considérez-vous ces propos comme choquants ? La question, déplacée, a été posée par le site du Midi Libre dans un sondage web diffusé en bas d'un article relayant l'affaire. C'est Guy Birenbaum qui a repéré le fameux sondage dans un billet publié sur le HuffingtonPost.
Commentaire de Birenbaum : "C'est consternant. Effrayant. Triste. (...) Non, on ne peut pas demander n'importe quoi à ses lecteurs pour faire du clic et du trafic".
Depuis, le sondage a été retiré du site du Midi Libre. Et la rédaction en chef a présenté ses excuses : "Si certains internautes ont pu être choqués, Midi Libre le regrette très sincèrement. A aucun moment, notre titre n'a souhaité ni blesser, ni stigmatiser, ni transgresser notre ligne éditoriale qui repose sur des valeurs de professionnalisme et d'humanisme. A l'ensemble de nos lecteurs, nous présentons nos excuses pour cette regrettable erreur d'appréciation".
Dans la série "dérapage sondagier sur les Roms", l'affaire du Midi Libre rappelle celle du Point.fr dont nous vous avions parlé en juillet 2013. Le site de l'hebdomadaire avait demandé à ses lecteurs ce qu'ils pensaient de la phrase du député-maire de Cholet Gilles Bourdouleix qui estimait à propos des Roms : "Hitler n'en a peut-être pas tué assez". Et parmi les réponses proposées par Lepoint.fr, il y avait notamment ceci : "Je n'oserai jamais le dire, mais j'approuve cette phrase". Face à la polémique, tout comme le Midi Libre, Lepoint.fr avait supprimé le sondage. Et vous, auriez-vous aussi supprimé les sondages du Midi Libre et du Point.fr ? (Vous n'êtes pas obligés de répondre).
A propos des sondages en ligne, regardez notre émission 14h42 sur la manière de les manipuler.