Régions / PQR : "l'Etat n'a jamais aimé le midi"

Gilles Klein - - 0 commentaires

La nouvelle carte des régions proposée par Hollande divise la France. Les Unes de la presse régionale réflètent la diversité des réactions qui vont de la franche opposition au doute, avec quelques rares heureux. On note que la tonalité générale des éditorialistes de la presse quotidienne régionale (PQR) n'est pas tendre avec Hollande.

Face à la nouvelle carte de régions qui passent de 22 à 14, il y a des opposants inconditionnels comme l'Humanité qui écrit "La raison pour laquelle le chef de l'État a redessiné la France institutionnelle en quelques heures procède d'une logique qui s'apparente tellement à ce que Sarkozy lui-même avait en tête que nous pouvons, hélas, prévoir le pire."

Le Courrier Picard n'est pas plus tendre. "Le coup de comm' se transforme alors en drôle de farce. Et on se demande ce qui a présidé aux choix définis. Sans surprise, les élus locaux de droite comme de gauche sont montés au créneau, mais ils ont la nette impression d'avoir été pris pour des jambons. "

Tandis que la Nouvelle République du Centre Ouest accuse Hollande d'avoir fait un cadeau à Ségolène Royal : "Le gros morceau pourtant, c'est le montage à trois autour du Poitou-Charentes qui, s'il offre à Ségolène Royal, une capitale poitevine en or, se heurte à une fronde généralisée des départements de SA Région. Des référendums d'initiatives populaires n'ont certes aucune autorité administrative mais comment faire accepter une réforme contre les populations."

Sud Ouest ne ménage pas Hollande : "Pressions, indécision, précipitation. La rédaction de Sud Ouest est témoin que, dans la soirée de lundi, la nouvelle carte des régions françaises souhaitée par François Hollande a vu ses contours maintes fois retouchés avant de connaître son visage définitif. À 20 heures, la première mouture du texte élyséen laissait en suspens le nombre d'assemblées territoriales. À 21 heures, on apprenait qu'elles seraient finalement 14."

Le Midi Libre ne digère pas cette réforme: "C'est une évidence. L'État n'a jamais aimé le Midi. Depuis des siècles, il a toujours entretenu de mauvaises relations avec ce pays de vignerons au caractère reboussier, à la fibre huguenote. À l'esprit anti-parisien, aussi. D'un trait de plume, François Hollande vient de perpétuer cette défiance en rayant le Languedoc-Roussillon de la carte."


Une bataille en perspective donc face à l'union des régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon :"Lundi, en réaction à la menace d'une disparition de sa collectivité, qui se profilait déjà, Christian Bourquin, le président du conseil régional, lâchait : "Il n'est pas question de détruire tout ce travail autour de l'économie. Je m'y suis crevé, je ne laisserai pas la région disparaître."

Une seule note positive "Seule satisfaction, au fond : la croix occitane ornera sûrement de nouveau le drapeau régional. Un peu léger, tout de même."



La Voix du Nord parle d'un"brouillon présidentiel": "Manuel Valls et les ministres concernés vont avoir beaucoup de mal à dépassionner un débat aussi mal engagé. Le Premier ministre a déjà ouvert la porte hier matin à des corrections sur cette carte qui ne serait donc qu'un brouillon présidentiel."

Ceci bien que la région s'en sorte biensi l'on en croit le titre "le Nord - Pas-de-Calais, célibataire et fier de l’être?" et l'article qui commence ainsi : "Contre toute attente, le Nord - Pas-de-Calais devrait rester autonome d’après le découpage territorial annoncé lundi, qui pourrait être effectif dès les élections des futures super-régions de 2015. Mais si son identité historique, culturelle et économique en sort renforcée, ça ne veut pas dire que rien ne changera pour les Nordistes."

Les Unes de la PQR montrent plus de diversité dans les réactions que les éditoriaux. Il y a bien sûr des mécontents. Exemple aux frontières de la Bretagne.

La grande région Limousin-Poitou-Charente, Centre ne fait pas non plus l'unanimité, c'est le moins que l'on puisse dire.

Mêmes divisions dans le Centre ou dans le futur ensemble Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon

L'Eure-et-Loir préférerait l'Ile-de-France à la grande région Limousin-Poitou-Charente. La Touraine n'est pas contente : "Quel pataquès ! François Hollande savait bien, lui qui a été président du conseil général de Corrèze, qu'on ne touche pas impunément aux frontières territoriales. Mon voisin est toujours mon meilleur ennemi ! Mais pensait-il soulever une telle bronca des baronnies de l'Hexagone, en proposant son puzzle en quatorze morceaux ?" écrit la Nouvelle République.

Et puis, il y a les optimistes comme l'Alsace-Lorraine (bien que que cette dernière s'inquiète pour l'appellation de ses mirabelles de Lorraine) ou Champagne-Ardenne alliée à la Picardie

A propos, que disent les "vraies" cartes régionales ? L'analyse fouillée de Daniel Schneidermann est ici.

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