Régionales : Stéphanie Gibaud, lanceuse d'alerte et souverainiste

Anne-Sophie Jacques - - 0 commentaires

Du lancement d’alerte à la politique : comme le signale Mediapart, la lanceuse d’alerte de l’affaire UBS Stéphanie Gibaud s’est déclarée candidate aux élections régionales comme tête de liste Ile-de-France de Debout la France, parti de Nicolas Dupont-Aignan. Une candidature sous la bannière d’un parti souverainiste de droite qui fait grincer quelques dents, mais l’intéressée assume entièrement en assurant que "son programme n’est pas le rajeunissement des responsables politiques, mais le nettoyage".

Passage à l’acte : la lanceuse d’alerte de l’affaire UBS Stéphanie Gibaud – invitée sur notre plateau en juillet et signataire d’une tribune qui soutient notre combat sur la TVA contre l’administration fiscale – s’est engagée dans la course aux élections régionales de décembre en tant que tête de liste Ile-de-France de Debout la France, parti de Nicolas Dupont-Aignan. Un engagement surprenant comme le souligne Mediapartqui s’interroge sur le rapprochement d’une figure de proue des lanceurs d’alerte avec un parti souverainiste de droite.

Stéphanie Gibaud sur notre plateau

Réponse de l’intéressée : "l’honnêteté n’est ni de droite, ni de gauche". Gibaud assure que Dupont-Aignan est le seul homme politique à lui avoir tendu la main six ans après ses révélations concernant son ancien employeur, UBS. Alors responsable du marketing et de la communication, sa direction lui avait demandé de supprimer une partie de son disque dur après une perquisition dans les locaux d’UBS, ce qu'elle avait refusé. Menacée par sa direction, placardisée, elle avait quitté son poste à l’occasion d’un plan social en 2012. Depuis, UBS a été mise en examen pour démarchage illicite et blanchiment aggravé de fraude fiscale.

Aujourd’hui, Gibaud assume son engagement politique auprès de Mediapart : "mon militantisme porte sur la transparence de la vie publique. Mon programme n’est pas le rajeunissement des responsables politiques, mais le nettoyage […].L’exemple doit venir d’en haut, quand on est élu, il n’y a pas d’autre choix que d’être exemplaire".

Un rapprochement surprenant ? Mediapart reconnaît à Dupont-Aignan "une certaine constance sur les sujets de la fraude fiscale" : "en juillet 2013, il faisait partie de la vingtaine de parlementaires à avoir interpellé le gouvernement, à l’initiative de Mediapart, sur la situation de Pierre Condamin-Gerbier, incarcéré en Suisse pour avoir brisé le secret bancaire de son ancien employeur, la banque Reyl, qui avait caché le compte suisse de Jérôme Cahuzac. Quelques mois plus tard, l’ex-candidat à la présidentielle achevait un rapport parlementaire sur la fraude fiscale avec le communiste Alain Bocquet, puis publiait un livre sur la question."

Ce rapprochement fait néanmoins grincer quelques dents dont celles d’un ancien adhérent de l’association anticorruption Anticor qui aurait préféré que Gibaud s’engage plutôt sur la coordination des actions des lanceurs d’alerte. De son côté, un collaborateur d’un groupe de gauche au Parlement européen pose cette question : "et si sa liste obtient plus de 5 %, se posera la question des alliances de deuxième tour. Avec qui va-t-elle travailler ? Le FN ? L’UMP Île-de-France ? D’ici là, son défi va être de ne pas se mettre trop de monde à dos". Un défi de plus.

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