Rachat Direct 8 et TPS par Canal : oui, mais...

Dan Israel - - 0 commentaires

C'est officiel, le groupe Canal + a le droit de racheter les chaînes TNT de Bolloré Direct 8 et Direct Star, mais aussi, enfin, d'intégrer à son bouquet satellite CanalSat le bouquet concurrent TPS, racheté en… 2006. L'autorité de la concurrence a rendu ces deux décisions aujourd'hui, non sans réclamer des contreparties.

Feu vert pour devenir un géant de la télé, mais pas sans condition. Le message envoyé à Canal par l'Autorité de la concurrence est clair. Le groupe audiovisuel a le droit de racheter les deux chaînes TNT appartenant jusque-là à Bolloré, mais pour entériner ce rapprochement, annoncé il y a près d'un an, le gendarme de la concurrence a posé des barrières. "Canal+ rachète les deux chaînes du groupe Bolloré, mais ne pourra leur faire profiter de sa puissance d'achat que d'une manière limitée, précise le site du Point. (…) Le risque était que Canal+ évince TF1, M6 et France Télévisions en verrouillant l'accès aux films et aux séries produits à Hollywood", en les achetant en version cryptée pour Canal, et en version gratuite pour Direct 8. mais le groupe Canal n'aura le droit de conclure un tel accord qu'avec une seule des majors américaines avec qui elle négociera. "Du reste, les équipes d'achat de Canal+ devront être distinctes de celles de Direct 8 et Direct Star et ne pas agir en concertation", souligne Lepoint.fr. Autre point crucial : l'acquisition des droits sportifs. Pour les grands événements, Canal aurait pu être tentée d'acheter les droits proposés pour les chaînes payantes, mais aussi ceux réservés aux chaînes gratuites. Elle n'en aura pas le droit.

Les dirigeants de Canal se sont dit ravis de cette décision, en précisant que le CSA devait encore donner son aval au rachat à la rentrée. En revanche, ils ont fait bien plus grise mine en lisant la seconde décision rendue aujourd'hui par l'Autorité. Elle soumet ainsi la validation de la fusion de CanalSat avec TPS, le bouquet satellite concurrent avalé en… 2006. Depuis cette date, l'opération est toujours sous l'œil des autorités. En 2011, le groupe Canal avait d'ailleurs écopé d'une amende de 30 millions d'euros pour ne pas avoir respecté les engagements qu'il avait pris en matière de respect de ses concurrents.

Pour valider définitivement la fusion, l'Autorité a édicté une série d'"injonctions", contraignantes, parmi lesquelles celle de faire vendre à Canal sa participation dans le bouquet Orange Cinéma Séries (diffusé sur les box d'Orange), afin que ce dernier puisse "exercer une réelle pression concurrentielle, indépendante de Groupe Canal+". CanalSat devra aussi obligatoirement mettre à disposition de ses concurrents qui le voudront (comprendre les FAI proposant des bouquets de chaînes ADSL) les chaînes cinéma qu'il offre à ses abonnés.

Les injonctions sont plus "précises", "efficaces" et "vérifiables" que les engagements pris précédemment par Canal+, a estimé Bruno Lasserre, président de l'Autorité de la concurrence lors d'un point de presse. "Nous avons été plus précis dans les formulations, pour éviter tout contournement", a-t-il ajouté selon l'AFP. Canal+ a immédiatement réagi pour exprimer son "désaccord avec l'analyse menée par l'Autorité comme avec les injonctions auxquelles elle soumet le groupe" et annoncé qu'il allait "sans attendre en demander la suspension et l'annulation devant le Conseil d'Etat". Réaction de Lasserre ? Si "Canal+ attaque" les décisions de l'Autorité, cela "montre que les mesures sont nécessaires".

Lire sur arretsurimages.net.