Pub dove : l'actrice noire explique ne pas être "une victime"

Juliette Gramaglia - - Publicité - 0 commentaires

"Je ne suis pas la victime silencieuse d'une campagne de beauté manquée".

Le Guardian a publié ce mardi 10 octobre 2017 une tribune de Lola Ogunyemi. La jeune femme noire, qui apparaissait dans la pub de Dove, supprimée après que la marque a été accusée de racisme ce week-end, y défend sa participation à la campagne publicitaire de la marque.

The Guardian, 10 octobre 2017

"Avoir l'opportunité de représenter mes sœurs de couleur pour une marque de cosmétiques me paraissait être le moyen parfait de rappeler au monde que nous sommes là, que nous sommes belles, et plus important encore, que nous sommes estimées", commence la jeune femme. Elle se dit donc "bouleversée" de s'être retrouvée, un matin, "la figure emblématique involontaire d'une publicité raciste". De nombreux internautes ont en effet compris la publicité, qui montrait notamment une femme noire retirant son t-shirt et remplacée par une femme blanche, l'image d'une femme noire devenant blanche parce que "lavée" par le gel douche (même si, comme nous vous le racontions, la vidéo était plus longue).

A rebours de la polémique, Ogunyemi assure que le travail avec l'équipe de Dove a été "positif". "Si j'avais eu la moindre crainte d'être représentée comme inférieure, ou comme l'«avant» dans un clip avant-après, j'aurais été la première a dire «non» avec véhémence", assure-t-elle. "[Une telle chose] va contre tout ce pour quoi je me bats". Et que ce soit la courte vidéo diffusée sur Facebook (et qui a fait le tour des réseaux sociaux) ou la version plus longue, prévue pour la télé et regroupant sept femmes "d'origines et âges différents", Ogunyemi dit avoir été "aux anges", et "fière" du résultat.

Pour autant, la jeune femme ne nie pas l'importance de la polémique. Elle dit notamment "comprendre comment les captures d'écran qui circulent sur Internet ont pu être mal interprétées", d'autant plus que Dove a déjà été la cible de critiques pour des publicités accusées de racisme. "Je pense que l'indignation initiale du public était fondée", admet Ogunyemi. "Mais une fois dit cela, je pense que beaucoup de choses ont été omises", continue-t-elle, déplorant que "le récit [qui a été fait de la publicité, ndlr] a été déroulé sans donner aux consommateurs un contexte qui permettrait de se faire une opinion informée". Soutenant les excuses apportées par la marque après la polémique, elle regrette toutefois que cette dernière n'ait pas plus mis en avant la "créativité" de son projet. Et appelle à la vigilance : "il y a incontestablement quelque chose à dire sur la manière dont les publicitaires doivent regarder au-delà de la surface et considérer l'impact que leurs images peuvent avoir, notamment lorsque cela concerne des groupes de femmes marginalisées".

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