Mediaset : Berlusconi condamné définitivement

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Première condamnation définitive pour Berlusconi, sans aucun recours possible. Sa condamnation pour fraude fiscale à quatre ans de prison dans l’affaire Médiaset a été confirmée par la Cour de Cassation italienne. L'affaire, qui commence en 2003, a été un peu oubliée depuis le fameux "Rubygate" qui a défrayé la chronique depuis 2010.

 

"Naufrage à l'Italienne", titre Libération en Une. Le quotidien revient sur cinq pages aujourd'hui sur la décision de la Cour de cassation italienne de condamner Berlusconi. "Il cavaliere mord la poussière", souligne Libé avant de détailler les raisons de ce "vrai chef d'accusation".

La Cour de cassation italienne a confirmé jeudi la condamnation à la prison de l'ex-chef du gouvernement Silvio Berlusconi pour fraude fiscale. Il s'agit de la première condamnation définitive à l'encontre de Berlusconi, qui depuis son entrée en politique en 1994 a eu de nombreux démêlés judiciaires - voir cette infographie du Monde- , mais a toujours soit bénéficié de la prescription soit été acquitté. Toutefois, il ne devrait pas faire de prison, en raison de son âge, (76 ans), précise l'AFP. Il devrait donc être assigné à résidence.

L'information est à la Une des principaux journaux en France aujourd'hui. Le Figaro fait sa manchette sur la "chute du Cavaliere tandis que Le Monde remarque que même si Berlusconi est "condamné, il est toujours sur scène".

Les quotidiens français reviennent ensuite sur le fond de cette affaire. L'affaire Médiaset éclate en 2003, rappelle Le Monde. Jusqu'en 2002, l’empire audiovisuel de Berlusconi a gonflé de 171 millions de dollars (124 millions d’euros) le prix d’achat de droits de diffusion de films américains via deux sociétés écrans. Mediaset constituait ainsi des caisses noires à l’étranger (à hauteur de 280 millions d'euros) et réduisait ses bénéfices en Italie afin de payer moins d’impôts. Manque à gagner pour le fisc italien: près de 7 millions d’euros, raconte Slate. Ces transactions étaient organisées par l'homme d'affaires américano-égyptien Frank Agrama, associé de Silvio Berlusconi et lui aussi condamné à trois ans de prison, détaille de son côté Le Figaro. Berlusconi affirme qu'il avait abandonné la gestion de son groupe en 1993, à la veille d'entrer en politique.

Il cavaliere avait été condamné en première instance, le 26 octobre 2012, par le tribunal de Milan à 5 ans d'inéligibilité, ainsi qu'à 4 ans de prison. Nous évoquions cette condamnation ici. La sentence avait été confirmée en appel, mais réduite à 3 ans de prison en vertu d'une loi d'amnistie. Et la Cour de cassation vient donc de la confirmer définitivement. Les juges ont tout juste accepté de renvoyer en appel l’interdiction d’exercer une fonction publique pendant cinq ans, précise Libé. Ce qui ne le prive pas tout de suite de ses droits politiques.

Le Cavaliere a aussitôt dénoncé dans un message vidéo une "condamnation dénuée de tout fondement", évoquant "un véritable acharnement judiciaire sans égal". Ses avocats ont d'ores et déjà annoncé vouloir entreprendre "toute initiative utile, y compris au niveau européen (devant la Cour européenne des Droits de l'Homme, ndlr), pour obtenir que cette sentence injuste soit radicalement modifiée". Berlusconi a pour sa part assuré qu'il n'entendait pas se retirer de la politique : "Nous devons continuer à combattre, à faire de la politique, pour réaliser toutes les réformes nécessaires".

Sans surprise, cette condamnation a fait la Une de plusieurs médias italiens. "Condamné" titre Il Giornale, qui appartient à la famille Berlusconi, avec ce sous-titre "sans voix". Et d’ajouter : "Ilsont condamné le Cavaliere et 10 millions d’Italiens", correspondant au nombre d’électeurs du Parti du peuple de la liberté (PDL) lors des dernières élections. Dans le Corriere della Sera, on précise notamment que la Cour de cassation est composée de cinq magistrats "dont personne ne connaît les orientations politiques et de qui dépend l'avenir du pays", Berlusconi ne pourra donc pas accuser le tribunal d'être partial.

Voici quelques unes de journaux :

Capture du site de Il Giornale ce matin , effectué par le journal l'Espresso: :

  

Conséquences politiques de cette condamnation : elle commence à semer le trouble au sein du Peuple de la liberté (PDL), le parti de Berlusconi, mais aussi au sein du Parti démocrate (PD), le principal parti de gauche, et donc au gouvernement de coalition droite-gauche d'Enrico Letta. Une partie de la gauche pourrait ne plus vouloir continuer à gouverner avec le parti d'une personne condamnée par la justice et provoquer ainsi de nouvelles élections.

En juin, Berlusconi avait déjà été condamné à sept ans de prison et à l'interdiction à vie d'exercer un mandat public pour abus de pouvoir et prostitution de mineure dans l'affaire Rubygate, mais il a interjeté appel de ce jugement.

L'occasion de relire notre dossier spécial sur Berlusconi.

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