Maroc : le patron du site d'information Lakome libéré

Après 39 jours de prison, le journaliste Ali Anouzla, responsable de la version arabe du site d'information marocain Lakome, accusé d'incitation au terrorisme pour avoir publié un lien vers une vidéo d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), a finalement été libéré.

Le site d'information marocain Lakome avait publié un lien renvoyant vers une vidéo d'AQMI visible sur le site du quotidien espagnol El Pais. La vidéo titrée "Maroc le royaume de la corruption et du despotisme" critiquait longuement le roi du Maroc. Inculpé d'apologie et d'aide au terrorisme, Anouzla (49 ans) avait été arrêté le 17 septembre dernier. Il a bénéficié, ce week-end, d'une libération provisoire, sous caution, mais reste inculpé.

Anouzla, qui a longuement remercié ceux qui l'ont soutenu, risque jusqu'à 20 ans de prison en vertu d'une loi anti-terroriste datant de 2003. Les deux versions (française et arabe) du site Lakome sont désormais bloquées au Maroc, mais accessibles depuis d'autres pays, dont la France.

Certains membres du pouvoir marocain semblent avoir profité de cette affaire pour faire payer à Anouzla sa liberté de ton, ses critiques et ses scoops. C'est, entre autres, lui qui avait révélé qu'un pédophile espagnol détenu et condamné au Maroc, figurait parmi les bénéficiaires d'une grâçe royale, qui lui avait permis de partir en Espagne. Cette affaire avait provoqué des manifestations au Maroc, et avait amené le pouvoir à regretter, ce qui a ensuite été présenté comme une erreur commise sans que le roi en ait été informé.