Lyon / extrême droite : un journaliste menacé après une enquête

Anne-Sophie Jacques - - 0 commentaires

Ambiance dans le Vieux Lyon. Suite à la publication d'une enquête racontant la façon dont l’extrême droite radicale s’implante dans le quartier historique lyonnais, le journaliste de Rue 89 Lyon Laurent Burlet ainsi que deux personnes citées dans son article ont fait l’objet d’intimidations et de menaces. Le journaliste a déposé une main courante.

"Il faut sortir de la posture «moins on en parle, mieux on se porte»" lisait-on dans l’article publié fin mars sur le site de Rue 89 Lyon. Signée Laurent Burlet, cette enquête racontait comment l’extrême droite radicale gagne du terrain dans le Vieux Lyon avec l’implantation de divers groupuscules dont la présence – et la violence – inquiètent des riverains.

En effet, comme l’explique Burlet qui a déjà enquêté en 2011 sur le même sujet, en six ans, les implantations des groupes d’extrême droite radicale se sont amplifiées. On trouvait déjà les Identitaires lyonnais, qui assument leur proximité avec le Front national et investissent aujourd’hui "180 m2 dans le Vieux Lyon dont une salle pour «apprendre l’auto-défense»". Mais depuis se sont installés également le Parti nationaliste français (PNF) réactivé par un ancien dirigeant de l’Œuvre française, groupuscule dissous en 2013 suite à la mort de Clément Méric, ainsi que le GUD (Groupe union défense) - "responsable de nombreuses agressions racistes ou dirigées contre ceux qu’ils considèrent comme «gauchistes»" explique Burlet. Ces militants ont ouvert deux boutiques et un local dans le Vieux Lyon.

D’où la crainte de commerçants, habitants, ou responsables associatifs de voir leur quartier devenir la "facho-land" de Lyon. De plus, nombreux sont ceux qui ont subi menaces ou intimidations, comme la MJC qui fait "l’objet de collages de plus en plus réguliers d’autocollants". Selon son directeur, cité dans l’enquête, c’est un "marquage du territoire. Mais au-delà de ce marquage, c’est le caractère agressif de ces groupes qui nous inquiète. Le GUD est connu pour être l’un des groupuscules les plus violents. Et les identitaires s’agrandissent avec l’ouverture d’une salle de boxe". Ne pas se taire donc, voire réaffirmer que "le Vieux Lyon est une terre de métissage". "Pour lutter contre cette tentative d’appropriation du quartier, raconte Burlet, les organisateurs de la Marche des fiertés tiennent à ce que le défilé LGBT passe par le Vieux Lyon" en juin prochain.

En attendant, les représailles n’ont pas tardé. Le journaliste de Rue 89 Lyon ainsi que deux personnes interrogées dans son enquête ont fait l’objet de menaces ou d’intimidations. Le journaliste a découvert pour sa part le message suivant au pied de son immeuble : "On sait où te trouver Laurent". Message accompagné "en guise de signature, d’une croix celtique, le symbole de l’extrême droite nationaliste". Interrogé par @si, Burlet n’est pas surpris : "Ce que je décris est une réalité sur laquelle on ne communique pas, car c’est mauvais pour l’image. Mais cette extrême droite radicale fait partie du paysage du Vieux Lyon. Et encore, je n’ai pas parlé de l’Action française qui se trouve non loin de là depuis six mois, juste de l’autre côté du pont. On parle de groupuscules antisémites, racistes et surtout violents". Le journaliste a déposé une main courante.

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