L'info continue règne sur la campagne (Le Monde)
Laure Daussy - - 0 commentairesCette campagne présidentielle se caractérise par une frénésie médiatique, plus importante encore qu'en 2007, due notamment à l'omniprésence des chaînes d'info continue, désormais captées dans tous les foyers grâce à la TNT.
Au point que les candidats modifient leurs discours et leurs meetings en fonction de celles-ci, explique Raphaelle Bacqué dans Le Monde. "Les candidats s'adaptent au "temps réel" des chaînes d'info, d'Internet et de Twitter, qui relaient leurs faits et gestes", note Bacqué. |
Dans cette campagne, le nombre de journalistes a explosé. "Chaque jour, depuis deux mois, entre 80 et 200 journalistes suivent les deux principaux candidats", explique le Monde. Leur nombre, autour d'un candidat, évolue en fonction des sondages. "La montée de Jean-Luc Mélenchon, ces dernières semaines, s'est ainsi accompagnée d'une explosion de son cortège médiatique : 235 journalistes ont été accrédités pour couvrir le meeting du Front de gauche à la Bastille, à Paris, le 18 mars. Même en 2007, où Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy paraissaient pourtant aimanter les médias, leur nombre était d'un tiers inférieur".
Un élément nouveau, depuis 2007 : la part plus importante des chaînes d'info en continu. Ainsi, 1293 heures de campagne électorale ont été retransmises à la télévision, entre le 1er janvier et le 19 mars, dont "la moitié pour les seules chaînes d'info continue", note Bacqué. Une réalité qui semble ailleurs bien intégrée par les conseillers en communication. "L'immense différence, par rapport à 2007, est l'irruption de deux chaînes d'information continue dans les foyers, grâce à la TNT, remarque Franck Louvrier, le conseiller en communication de Nicolas Sarkozy. Entrez aujourd'hui dans les appartements des familles les plus modestes, et vous verrez : il n'y a pas de bibliothèque, mais un écran plasma et son décodeur complet branché sur BFM ou i-Télé. La campagne y vit donc en permanence, et c'est une nouvelle façon d'y pénétrer." Et les communicants s'en servent : "Nous avons choisi d'égrener chaque jour une proposition, plutôt que de livrer, comme François Hollande, notre programme en une seule fois, afin d'apporter quotidiennement un élément de nouveauté ", explique Louvrier à Bacqué.
Les candidats en arrivent même à modifier leurs propres habitudes. Le candidat, qui fournit désormais ses images aux chaînes, ne s'adresse plus seulement aux personnes présentes devant lui, mais aux téléspectateurs des chaînes d'info. "Auparavant, on s'adressait au mieux à 5 000 ou 10 000 personnes, note François Hollande. Aujourd'hui, les retransmissions sont suivies par des centaines de milliers de téléspectateurs. Cela contraint le candidat à se renouveler quand, parallèlement, l'exposition permanente l'oblige à se policer." Et si Nicolas Sarkozy fait en sorte que ses meetings débutent à 18 h 30 pour être couverts au mieux dans les 20 heures des chaînes généralistes, ses discours tiennent aussi, nouveauté, "en 50 minutes, le temps exact entre deux flashs d'information de BFM-TV ou d'i-Télé", explique Bacqué. "Même les applaudissements, si exaltants pour les militants, sont écourtés pour ne pas lasser les téléspectateurs".
Autre changement étonnant : " Les discours ont désormais un ordre inversé, et l'on dit au début le plus important, ce que l'on aurait réservé, dans un meeting classique, pour la fin, remarque François Delapierre, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon. Face à une salle, Jean-Luc peut lancer un «Camarades !», mais l'audience démultipliée par la télé et Internet oblige à s'adresser plus loin, avec un «Chers concitoyens». "
Le nombre de journalistes présents dans les meetings, les avantages et les inconvénients des images tournées directement par les équipes des candidats... Autant de questions que nous avons abordées dans une émission récente.