Libération : Demorand démissionne
La rédaction - - 0 commentairesLibération n'a plus de directeur.
Dans une interview au journal Le Monde, Nicolas Demorand annonce qu'il démissionne : "J'ai décidé de démissionner de ma fonction de directeur et de quitter Libération. Ma décision est d'abord dictée par la situation de ces derniers jours. Libération vit désormais une crise ouverte, je cristallise une partie des débats et j'estime qu'il est de ma responsabilité de patron de redonner des marges de manœuvre et de négociation aux différentes parties. J'espère que mon départ permettra aux uns et aux autres de retrouver la voie du dialogue". Demorand n'avait plus mis les pieds au journal depuis la semaine dernière : son texte, censé être publié dans l'édition évoquant la crise interne, avait été retoqué par l'Assemblée générale (nous vous le racontons ici). Revenant sur ces trois années passées à la tête du quotidien, Demorand explique qu'il a passé l'essentiel de son temps à chercher de l'argent, en vain : "J'ai réussi à équilibrer les comptes deux années de suite. |
J'ai cherché des actionnaires en étant aux limites de mon mandat. J'ai suscité des rapprochements potentiellement féconds. Mais les choses ne se sont pas concrétisées".
Concernant le projet des actionnaires de faire un Libéland, Demorand assure que ce ne sera possible que si le journal reste au coeur du projet : "Le Guardian a un café, mais c'est d'abord un très grand journal et un très grand site. Les diversifications sont aujourd'hui nécessaires dans la presse écrite qui ne peut plus vivre seule. Mais elles ne peuvent se faire qu'autour d'un journal et d'un site puissants. Les activités périphériques doivent être au service de la production de journalisme de qualité. C'est dans ces conditions que j'avais évoqué l'idée d'ouvrir notre bâtiment au public, en y conservant sur place la rédaction". En outre, il déplore encore l'opposition entre web et papier : "sur Internet, la rédaction papier ne produit en moyenne que 0,1 article par semaine et par journaliste pour le site. Quant aux forums, seule une fraction de l'équipe souhaite participer aux événements que nous-mêmes organisons. Pour que Libération survive, cette mutation multisupport devra être faite".
En trois ans, Nicolas Demorand a subi de nombreuses motions de défiance. Dès 2011, 78% des salariés réclamaient son départ. Deux ans plus tard, en novembre 2013, ils étaient près de 90% à souhaiter qu'il quitte le journal.
La crise à Libération fera l'objet de notre émission de cette semaine. En attendant, vous pouvez relire nos reportages :
- L'AG dominicale, où les journalistes se sont découverts salariés
- Le soir où les salariés de Libé ont censuré Demorand