Le Monde contre le clan Sarkozy

Daniel Schneidermann - - 0 commentaires

La police, maintenant. Après la Justice

(Courroye), le fisc (la fameuse "cellule VIP", puis le non moins fameux rapport du chef de l'inspection des finances), la légion d'honneur, c'est la police, que le clan Sarkozy a utilisée pour la protection rapprochée du Premier cercle, en lui ordonnant d'inspecter les appels téléphoniques d'une taupe tapie dans l'ombre du cabinet de MAM, pour y découvrir de nombreux appels avec Gérard Davet, investigateur du Monde. Muté à Cayenne, le haut fonctionnaire, comme au temps d'Albert Londres (et MAM ? A quand sa nomination comme préfète de Saint-Pierre et Miquelon ?) Ne manquent plus que les sous-marins nucléaires, et l'appropriation de l'appareil d'Etat sera complète. Certes, Sarkozy n'est pas le premier président qui considère que la mission principale de l'Etat est de protéger son clan et son parti. Avant lui, Chirac (ah, entendre aujourd'hui les protestations outragées de Villepin !) Mitterrand (les écoutes), Giscard, pour ne pas parler des gaullistes, ont  pratiqué exactement de la même manière. Mais comme pour tout le reste, avec Sarkozy, c'est plus voyant.

Le Monde s'offusque, et porte plainte, au nom du secret des sources. Bravo. Mieux vaut tard que jamais. Pas un édito naguère, quand le chef de la police de Corse a été muté, pour avoir laissé envahir la pelouse de l'ami Christian Clavier; pas un édito, quand la mutation d'un juge a été, à l'inverse, reportée sur ordre d'en haut, pour qu'il puisse achever l'instruction du dossier Clearstream, qui était censé tuer l'ennemi Villepin; même pas un édito, quand le même tandem Squarcini-Péchenard, déjà, fut pris les doigts dans le pot de confiture, en flagrant délit d'enquête sur les fameuses "rumeurs" visant la vie privée des Sarkozy. Il est vrai que Le Monde, alors n'était pas directement visé. Il est vrai aussi qu'entre temps, est arrivée une nouvelle directrice de la rédaction; et de nouveaux propriétaires sont sur le point de prendre le contrôle du journal. Ceci explique peut-être cela.

En tout cas, dans la série L'Etat c'est nous, Le Monde ne laissera plus rien passer au clan. Ainsi, dans le reportage consacré à la visite familiale dominicale de Lascaux, on a pu lire des détails que le reste de la presse s'était bien garder d'ébruiter. Comment la visite de la fragile grotte, prévue pour trente-cinq minutes, fut prolongée à cinquante; comment la délégation familiale, qui ne devait pas dépasser cinq personnes, doubla finalement (incluant le jeune fils de Carla Bruni qui, étrangement, n'apparaît pas sur les images); comment le président refusa de couvrir son auguste chef de la charlotte de rigueur. A quelque chose, scandale est bon.

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