Le Monde adore Kartable, start-up parrainée par Niel (Acrimed)
La rédaction - - Publicité - Déontologie - 0 commentaires"Avec Kartable, les cours c’est dans la poche".
C’est avec ce titre élogieux, à la limite du slogan, que le 14 janvier dernier M Le Magazine consacrait un article non moins dithyrambique à une start-up spécialisée dans l’apprentissage et le soutien scolaire en ligne. Seul souci : comme le relève ce jeudi Acrimed, la start-up en question a été "fondée par deux anciens étudiants de HEC, avec le soutien d’un certain Xavier Niel, co-propriétaire du Monde". Détail dont l’article ne fait pas mention.
S’agit-il d’un cas classique de publireportage? Cette mention n’apparaît pas en tout cas dans l'article, lequel est signé par une journaliste de la rédaction. "Il s’agit donc bel et bien, en théorie, d’un article destiné à informer les lecteurs, et non d’un encart publicitaire", écrit Acrimed. Un article d’information? Voici l'accroche de l'article : "Qui les nouveaux bacheliers ont-ils remercié, le 5 juillet 2016, sur Twitter? Leurs parents aimants et nourriciers? Leurs profs les plus patients? Les bienveillants concepteurs de sujets? Fausses pistes… Sur le réseau social, les «Merci!!!», les «Je t’aime!», les «C’est grâce à toi que je l’ai!» accompagnés de cœurs, de bisous, de mains jointes, de «MDR» et d’émoticônes en pleurs, s’adressaient à Kartable."
Le reste est de la même veine. Il vante par exemple "des cours de rêve, qui passent par six niveaux de relecture et ne sont jamais interrompus par le moindre problème de discipline." Selon Le Monde, "quel que soit leur niveau, ils [les élèves] trouveront gratuitement sur Kartable le socle de connaissances sur lequel leur avenir est censé reposer."M le Magazine ne tarit pas d’éloges, et évoque "l’incroyable succès" de l’application et "la surenchère de gratitude" des élèves, à grand renfort de témoignages d’ados piochés sur Twitter. Constat de M Le Magazine : "Le succès est tel que supprimer l’appli de son smartphone vaut désormais rituel de passage à l’âge adulte". Rien que ça. Mais si l’on en croit la journaliste, les fondateurs de Kartable savent garder la tête sur les épaules: Sarah Besnaïnou et Julien Cohen-Solal "ont le triomphe discret des startuppeurs trentenaires non encore millionnaires."
"Un suivi personnalisé par Xavier Niel"
Pourtant, l’appli de Kartable, au-delà de son succès, est loin de faire l’unanimité notamment parmi les profs. C'est ce que relevait la Tribune en septembre 2015 dans un article intitulé "Kartable, l'appli qui veut «ubériser» les manuels scolaires". Le site d'info économique relatait en effet que de "nombreux enseignants y restent réfractaires voire carrément hostiles". Il précisait ainsi que le réseau social d’enseignants Neoprofs s’était fendu d’ "un billet glacial" : "Les professeurs de cette communauté l'estiment «truffé d'erreurs, d'approximations» et de «résumés simplistes», notamment dans les matières littéraires", racontait La Tribune.
Mais, sous la plume de M Le magazine, point de critiques ni de commentaires qui fâchent. Un silence "signicatif" note Acrimed qui révèle que Kartable "fait partie des start-up lauréates, en 2013, d’un concours organisé, entre autres, par… Xavier Niel, co-propriétaire du Monde." Mais pas un mot dans M Le Magazine, sur le coup de pouce de Niel au lancement de cette start-up. Un coup de pouce qui n'est pourtant pas négligeable. En décembre 2013, Le Figaro consacrait un article à ce prix décerné par Niel (Le Monde), Jacques-Antoine Granjon (Vente-privee.com) et Marc Simoncini (Meetic) à 101 start-up dont Kartable. Le Figaro écrivait : "À la clé pour les lauréats : une aide financière de 25 000 euros, mais aussi un suivi personnalisé par Xavier Niel, des conseils, l’appui du formidable réseau des trois entrepreneurs et une reconnaissance vis-à-vis de l’extérieur."
L’article de M Le Magazine rappelle par certains accents un autre article publié en novembre dernier dans les pages économie du Monde. Comme nous vous le racontions, le quotidien y vantait dans les moindres détails les projections de croissance de Swingsy, une start-up en quête de gros sous, lancée sur le créneau "très porteur" du voyage libertin. Swingsy, expliquait Le Monde, "est actuellement en quête de nouveaux fonds pour se diversifier dans le voyage coquin. Une mode qui rapporte." Et le quotidien d'insister, chiffres à l’appui, sur "le pactole", la "manne imposante" que générerait ce nouveau marché planétaire, en pleine expansion. Cette fois-là, Le Monde avait tout de même pris la peine de préciser un petit détail.... à savoir que cette start-up en quête de fonds était dirigée par une ex-élève de "42", l’école d’informatique fondée par Niel.