Joffrin à Dray : ami, mais journaliste (Libération)

Dan Israel - - 0 commentaires

Laurent Joffrin répond à Julien Dray.

Dans l'Epreuve, le livre où il s'exprime sur l'enquête judiciaire dont il est la cible, le député PS a rédigé plusieurs lettres ouvertes, dont une au directeur de Libération (comme nous l'avions signalé)... qui répond aujourd'hui dans son quotidien.

"L'épreuve de la mise en cause publique est cruelle et je comprends fort bien que la blessure puisse te conduire à une certaine amertume de style. Je vais donc donner ma vérité sans agressivité, n'étant pas, moi, placé sous le projecteur de l'opinion", écrit Joffrin.

Le journaliste rappelle qu'il connaît Dray depuis les années 80, où il animait l"association SOS-Racisme. "C'est l'une des origines de ta colère. Comment un journal ami, dis-tu en substance, a-t-il pu te traiter ainsi, rapportant avec éclat les accusations portées contre toi, posant des questions dérangeantes et donnant à cette affaire un retentissement à tes yeux excessif ? Comment ai-je pu, de surcroît, avoir avec toi une conversation bienveillante et faire ensuite publier les articles dont tu estimes qu'ils étaient autant de coups de poignards?"

Et Joffrin rappelle les bases du métier : "Aussi désagréable et dur que cela puisse paraître, et j'en ai conscience, un directeur de journal ne peut pas se fonder sur des liens d'amitié pour exercer sa fonction. (...) Dès lors que ton affaire surgissait sur la place publique, je devais m'y conformer, quelle que soit la sympathie que je pouvais par ailleurs éprouver. Il y a, à Libération, une solide tradition d'indépendance qui vaut pour tous, moi le premier. Je ne pouvais, ni ne devais, ni ne souhaitais, infléchir le traitement que nous réservons normalement à ce type d'information."

Il se défend ensuite contre les accusations de Dray, qui reproche à la presse d'avoir largement repris des éléments parcellaires de l'enquête menée par le Parquet de Paris, alors qu'il n'était pas mis en examen et n'avait pas accès au dossier... "Nous avons porté atteinte à la présomption d'innocence? C'est la question principale. La publication d'éléments contenus dans une enquête policière ou judiciaire en écorne évidemment le principe. En rendant publiques des accusations provisoires qui demandent à être confirmées ou infirmées par la justice, le journal inflige une sanction à la personne concernée avant tout jugement. (...) Mais peut-on imaginer, à l'inverse, leur non-publication? (...)Imagine-t-on une presse restant muette pendant des mois ou des années sur l'affaire Clearstream, sur l'instruction concernant Jean Tiberi ou encore sur les emplois fictifs de la Mairie de Paris?"

Vous voulez vous faire votre propre avis sur l'affrontement de Dray et de la presse ? Regardez l'émission d'été où Julien Dray était notre invité.

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