Interdiction CDS : Les discussions européennes patinent

Dan Israel - - 0 commentaires

Pour réguler les excès de la finance, les Etats européens seront-ils au rendez-vous ? Le député européen Vert Pascal Canfin en semble peu convaincu.

Ce Français est l'un des politiques européens spécialistes des marchés financiers, et est rapporteur au Parlement européen d'un texte visant à donner à l'Union européenne le pouvoir de contrôler les activités des banques partout en Europe. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, chaque pays gardant jalousement ses prérogatives en la matière.

Sur son blog, hébergé par Libération.fr, Canfin regrette que les négociations soient bloquées au Conseil européen (qui réunit les dirigeants de tous les Etats membres) sur le point très sensible de la régulation des ventes à découvert et des CDS.

Les ventes à découvert reposent sur un principe simple, mais pervers car il pousse à miser sur la dégringolade du cours d'une valeur : on emprunte un actif, puis, avant de devoir le rendre, on le vend à un autre acheteur, en espérant que son cours baisse fortement juste après. Lorsqu'il sera temps de le rendre à son propriétaire initial, on pourra alors le racheter, bien moins cher qu'on ne l'a vendu, et empocher la différence… Cet été, la France, l'Espagne, l'Italie et la Belgique ont interdit les ventes à découvert sur les actions de leurs banques pour ne pas aggraver leurs chutes en bourse, et l'Autorité française des marchés financiers les avait déjà interdites de septembre 2008 à février 2011.

Les CDS, eux, comme l'avait expliqué sur notre plateau Paul Jorion, consistent à prendre une assurance contre la faillite d'une entreprise ou d'un Etat… sans en détenir aucun titre. En d'autres termes, les CDS permettent de toucher de l'argent en cas de faillite, sans avoir rien perdu. Ils poussent donc à spéculer sur la chute des cours.

"Le texte que nous négocions est un outil important pour désarmer les marchés dans leur capacité à spéculer sur les dettes souveraines, écrit Canfin. (…) Une mesure de bon sens puisqu'il n'y a qu'en finance que l'on peut s'assurer contre un risque que l'on ne détient pas." Pourtant, regrette-t-il, cette position du Parlement n'est soutenue que par deux Etats, l'Allemagne et l'Autriche. "De nombreux autres Etats, comme l'Italie ou l'Espagne par exemple, hésitent entre une mesure qui pourrait les protéger de la spéculation et la peur d'une mesure de rétorsion de la part de ceux qui «investissent» dans leur dette publique s'ils soutiennent cette proposition, résume Canfin On mesure ici très concrètement l'état du rapport de force entre certains Etats et les marchés financiers, et le grand écart qui peut exister entre les déclarations va-t-en guerre et les coulisses des négociations..."

Pour comprendre les CDS, rien de mieux qu'une métaphore bien sentie, comme le soulignait Daniel Schneidermann dans une chronique du matinaute.

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