Pleins feux sur les CDS
Daniel Schneidermann - - Le matinaute - 32 commentaires Télécharger la videoTélécharger la version audio
Tous les "trous noirs" de l'information ne sont pas au Nigéria, ou en Colombie.
Les "trous noirs" sont aussi béants, au coeur de la planète finance surmédiatisée. Jusqu'à très récemment, les "CDS" étaient dans un trou noir. Soyons honnêtes : jusqu'à la crise grecque, combien d'entre nous avaient entendu parler des CDS, ces pernicieuses et opaques assurances contre les défaillances des Etats, accusés d'avoir fait plonger la Grèce et demain, peut-être, la France ?
Les CDS sont un mécanisme complexe. Même après me l'être fait expliquer sur le plateau par Paul Jorion, j'ai du mal à me figurer la mécanique en question. C'est beaucoup plus compliqué, par exemple, que les "bonus des banquiers", si simples à haïr. Il me faut des images simples, comme celle-ci, dans un article de L'Expansion : "c'est comme prendre une assurance incendie sur la maison d'un voisin, et avoir intérêt à ce qu'elle brûle". Desquelles images, se déduisent des solutions simples : exiger du souscripteur de l'assurance incendie, un titre de propriété sur le bien assuré. C'est d'ailleurs exactement la solution proposée par Jorion sur notre plateau.
Bienvenue à nos nouveaux abonnés Nicolas et Angela : l'initiative jorionienne commune de la France, de l'Allemagne, du Luxembourg et de la Grèce, initiative médiatiquement "vendable" sous le titre simple "l'Europe s'attaque aux spéculateurs", propulse aujourd'hui les CDS à la Une, à égalité avec les bonus des banquiers. Le CDS est débité en infographie au 20 Heures de Pujadas, et chroniqué par Bernard Guetta sur France Inter. En même temps, mécaniquement, biologiquement, comme des champignons après la pluie, poussent sous les pas du matinaute des défenseurs spontanés des CDS. L'excellent Eric Le Boucher, par exemple, qui déploie toujours beaucoup d'énergie pour rester égal à lui-même, assure (mais sans argumenter, hélas) que les CDS sont un bouc émissaire facile. L'éclairage de trou noir est décidément un art difficile, mais auquel, si vous le voulez bien, nous allons continuer de nous livrer ensemble.