Harlem Shake : droit d'auteur contre recettes pub
David Medioni - - 0 commentairesPhénomène mondial et contestataire (en Tunisie notamment), le Harlem Shake va-t-il changer la notion de droit d'auteur ? C'est la question, intéressante, posée par le blog Silex qui revient également sur le succès planétaire du Gangnam style et les revenus que cela a procuré à son auteur, PSY. Résumé du débat.
Il y avait eu, en 2012, Gangnam Style et Call Me Maybe, 2013 commence avec le Harlem Shake. Le Harlem Shake, c'est la dernière potacherie internationale en date. Elle crée même des tensions dans certains pays comme la Tunisie ou les Etats-Unis. @si vous le racontait ici. Cela a même engendré une nouvelle rixe en Tunisie entre des Salafistes et des étudiants voulant tourner une vidéo. Au départ, le Harlem Shake est posté dans cette vidéo le 2 février. La danse est effectuée sur le morceau de DJ Baauer. Problème, note le blog Silex, cette première vidéo peut en soi constituer une contrefaçon du droit d'auteur puisqu'elle utilise une chanson protégée, celle de DJ Baauer.
La vidéo qui a lancé le buzz |
Plus largement, le blog Silex, consacré aux croisements entre le droit et les sciences de l'information, s'intéresse à ces mèmes viraux qui, depuis quelques années, sont diffusés en ligne. Les mèmes, que notre chroniqueur Rafik, dans une chronique récente définissait de la manière suivante : "Ils ont fait de l’humour potache un énorme générateur de trafic, réveillé le cancre qui sommeille chez l’honnête travailleur et ils commencent à générer de l'argent privé alors qu’ils n’appartiennent théoriquement à personne. Ce sont des court-circuits, des accidents culturels". Pour d'autres, ce Harlem Shake n'a rien à voir avec le "mème" dont il est le nom. C'est juste une potacherie. C'est la théorie de Jean-Laurent Cassely sur Slate.
L 'auteur du blog Silex, @calimaq, pose toutefois une question passionnante : ces mèmes contreviennent-ils au droit d'auteur ou au contraire sont-ils en train de faire évoluer cette notion ? De fait, détaille @Calimaq, un nouvel usage est en train de naître. Les PSY (auteur du Gamgam Style) ou les DJ Baauer ont décidé "de profiter des effets du partage en ligne pour attirer l’attention sur leur titre". Le tout grâce à la possibilité offerte par le Content ID - filtrage automatique des contenus sur YouTube - d’autoriser la circulation des oeuvres.
Ce système de filtrage automatique des contenus nommé Content ID fonctionne de manière simple : soit l'auteur d'une chanson ou d'une vidéo décide de bloquer la diffusion de son idée, espérant toucher des droits d'auteurs, soit il accepte d'en autoriser la diffusion et alors il peut, en accord avec Google, toucher une partie des recettes publicitaires générées par son oeuvre. Pas étonnant que les artistes choisissent cette possibilité, note @calimaq. D'ailleurs, PSY - l'auteur du Gangnam Style - a eu le nez creux: en effet, lorsque la vidéo originale a été vue un milliard de fois, de nombreux articles de presse ont souligné le fait que le célèbre "cavalier chanteur" avait engrangé 2,9 millions d'euros sur les six millions d'euros de recettes pub globales générées par le titre sur YouTube. En gros, cela représente environ 4,8 euros pour le chanteur toutes les 1000 vues.
En revanche, @calimaq souligne que cette possibilité de renoncer temporairement à ses droits d'auteurs pour favoriser le partage viral et être ensuite rémunéré par Google sur les recettes publicitaires générées par la viralité de la danse ou de la chanson "ouvre la voie à un renforcement de la position d’un acteur comme Google en lui offrant le loisir de capter la valeur générée par un usage emblématique de la culture numérique". Dans un autre article d'octobre 2012, @Calimaq se demandait même si ce système de Content ID n'ouvrait pas la voie à "une sorte de police privée du copyright, organisée par entente entre un géant du web et les titulaires de droits".