Gueule de l'emploi : nouvelles critiques (Telerama.fr)
Dan Israel - - 0 commentairesLes remous continuent autour de La Gueule de l'emploi. Le site de Télérama publie la première interview du responsable de RST conseil, le cabinet de recrutement dont les méthodes musclées avaient été filmées par le documentariste Didier Cros, pour son film diffusé le 6 octobre sur France 2.
Le recruteur, Rogers Teunkam, assure avoir lui aussi été choqué, comme un téléspectateur lambda, au visionnage du documentaire, auquel il a eu accès quelques jours seulement avant sa diffusion sur France 2, en récupérant la version déjà diffusée à la télévision belge. Il accuse le film, "techniquement de qualité", de ne pas être "complet" et d'avoir occulté certains aspects de la réalité : "Je ne connaissais pas les techniques et les méthodes de la télévision. Je me suis aperçu que les images, c’est comme les chiffres : on peut leur faire dire ce que l’on veut !" Pour mémoire, voici à quoi ressemble le film |
Après avoir été la cible d'une vague de critiques, le représentant du cabinet de recrutement contre-attaque, en accusant le réalisateur d'avoir manipulé ses équipes : "Nous lui avons fait totalement confiance, peut-être trop, explique-t-il. Dans notre naïveté et face aux caméras qui créent une distanciation avec soi-même, on s’est trouvé à exécuter ses directives, il nous rassurait."
La plupart des reproches faits par Teunkam étaient déjà connus, et Didier Cros y avait répondu récemment sur notre plateau : le documentariste a demandé à organiser une session de recrutement sur deux jours, au lieu d'un seul habituellement ; il a demandé aux personnes filmées de s'habiller de la même manière durant ces deux jours ; il a laissé entendre que la rémunération des recrutés était inférieure à ce qu'elle est en réalité. Le réalisateur avait répondu qu'il s'agissait là de demandes classiques dans le cadre d'un documentaire, qui avaient toutes été acceptées sans souci, à la fois par le cabinet de recrutement, et par son client, l'assureur Gan.
Mais l'interview du recruteur, ainsi que l'article qui l'accompagne, ajoute des griefs à ceux qui étaient déjà connus. Notamment, c'est Cros lui-même qui aurait demandé que soit organisé un débat entre candidats, où chacun pouvait critiquer l'autre, de façon assez forte. Il aurait aussi demandé aux recruteurs d'installer "une ambiance dure" face aux candidats. "Autre point litigieux : les dirigeants de RST Conseil disent que le réalisateur a décidé lui-même de certaines mises en scène et d'éléments du décor – la disposition des tables, l’entrée des membres du jury un à un, par l’arrière, à travers un grand rideau noir", indique aussi l'article de Telerama.fr
Joint par @si, Cros assure qu'il est en pleine rédaction d'un droit de réponse, pour répondre "point par point" aux accusations de Teunkam. "On est dans le fantasme intégral, réagit-il. Comme je vous l'ai dit durant l'émission, je sais que les membres du cabinet n'ont jamais trouvé le film déloyal, et qu'ils étaient même plutôt soulagés en le voyant, par rapport aux critiques qu'ils avaient pu lire." Cros estime que les dirigeants de RST Conseil "jouent leur dernière carte, en dénonçant un complot, un gigantesque mensonge, parce que tout le monde les lâche, et qu'ils servent de boucs émissaires au reste de la profession, alors que pour moi, ils n'étaient qu'un exemple, leurs pratiques sont dans la moyenne".
Sans vouloir répondre précisément aux nouvelles accusations avant la diffusion de son droit de réponse, le documentariste estime que les recruteurs, près d'un mois après la diffusion sur France 2, "tirent dans tous les sens, pour essayer de créer des effets de contre-pied", alors que Gan, leur principal client, serait en train de lâcher leur cabinet. Effectivement, l'article de Télérama indique que "suite aux polémiques, GAN aurait décidé de suspendre sa collaboration avec RST Conseil. Les emplois d’au moins huit salariés sont en jeu". Mais RST conseil ne confirme pas, et son fondateur affirme même dans l'interview que ceux qui les "connaissent depuis des années" leur "ont heureusement renouvelé leur confiance".
Ne manquez pas les explications de Didier Cros sur notre plateau.