Ferguson : verdict en dessins

Alain Korkos - - 0 commentaires

Le grand jury a rendu son verdict lundi soir : Darren Wilson, le policier blanc qui a tué le jeune Michael Brown au mois d'août dernier à Ferguson (Missouri), ne sera pas poursuivi par la justice. La décision, qui a entraîné de nouvelles manifestations violentes, est abondamment critiquée dans la presse papier, sur les chaînes de télé, et aussi en dessins d'humour.

Dans un article intitué The Meaning of the Ferguson Riots (Le sens des émeutes de Ferguson), le New York Times dresse la liste des trois griefs adressés au procureur de Saint Louis, Robert McCulloch.

1. Alors qu'il est connu comme étant tout acquis à la police (L'Express précise que McCulloch, dont le père était un policier qui fut abattu par balles à Saint Louis, a déjà, par le passé, protégé des policiers dans des affaires similaires ), « il a refusé de se dessaisir en faveur d'un procureur spécial que Jay Nixon, gouverneur du Missouri, aurait pu nommer. »

2. « Il a ensuite un peu plus perdu la confiance du public en menant les débats d'une façon tout à fait inhabituelle » en ne définissant pas la nature des charges qui pouvaient éventuellement être retenues contre le policier mais « a laissé les jurés se noyer sous une masse de documents ».

3. « Il a retardé l'annonce de la décision toute la journée, l'a faite tard le soir alors que l'obscurité avait déjà mis les forces de police en difficulté face à la foule en colère qui s'était amassée à l'annonce d'une décision imminente. »

Un dessin de Jeff Darcy, paru dans The Cleveland Plain Dealer le 26 novembre et titré Les incendiaires de Ferguson, résume l'article du NY Times, se permet en outre d'apporter quelques précisions supplémentaires :

Les incendiaires de Ferguson

Les protestataires - Le gouverneur Nixon, pas de procureur spécial -
Annonce à 9 heures du soir -
le procureur McCulloch, mauvaise utilisation du grand jury -
Pas de contre-interrogatoire -
Fuites dans la presse


Voici quelques autres dessins parus le 25 et le 26 novembre dans la presse étazunienne. Tous, sauf un, condamnent ce simulacre de justice :

L'arsenal du policier de Ferguson :
revolver, matraque, taser, bureau du procureur
Dessin de Matt Davies, Newsday, 26/11/2014

Le mot Justice, tel un cadavre
par David Hayward, Nakedpastor.com, 25/11/2014

La même idée que précédemment
avec le mot Shame, honte,
par Dan Wasserman, The Boston Globe, 25/11/2014

Le rêve de Martin Luther King
et le cauchemar récurrent de l'Oncle Sam
face à la justice raciale
par Steve Sack, Star Tribune, 25/11/2014

« Je n'avais pas rêvé ça », se dit Martin Luther King
tenant un journal qui annonce des émeutes
et des pillages à Ferguson
par Michael Ramirez, Townhall.com
26/11/2014

La question raciale en Amérique
par Patrick Chapatte, New York Times, 25/11/2014


Le dessin de Chapatte évoque les écrans de télé partagés entre les émeutes de Ferguson et Obama qui appelait ses concitoyens au calme, @si en parla par là.


Le dernier dessin de cette série est étrange. Il est l'oeuvre de David Sipress, est paru aujourd'hui sur le compte Facebook du New Yorker qui est un hebdo classé à gauche. Or le dessin de Sipress renvoie dos à dos Blancs et Noirs, comme s'il n'y avait pas une vérité mais plusieurs…



L'occasion de lire ma chronique intitulée I am a Man, de Memphis à Ferguson.

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