Ferguson : écrans partagés entre émeutes et Obama
Robin Andraca - - 0 commentaires Voir la vidéoEn déterminant "qu'il n'y avait pas de raison suffisante d'intenter des poursuites contre l'officier Wilson" (l'auteur des coups de feu qui ont tué Michael Brown le 9 août 2014), la décision des douze jurés de Ferguson n'a pas seulement provoqué la colère de milliers d'Américains, aux quatre coins des Etats-Unis. Elle a aussi donné lieu à un curieux moment de télévision, repéré par Slate.
Il était 22 heures à Washington, hier soir, quand Barack Obama s'est adressé au peuple américain, en direct de la Maison Blanche. Dans un discours d'une dizaine de minutes, le président a appelé les habitants de Ferguson, et du reste des Etats-Unis, à conserver leur sang-froid après la décision du grand jury. Problème : au même moment, à Ferguson, la ville s'embrase et les émeutes commencent (et se poursuivront toute la nuit). Comment choisir, entre le discours feutré du président et l'embrasement de la ville du comté de Saint-Louis ? Les chaînes de télévision américaines ont choisi de... ne pas trancher en partageant l'écran (split screen) le discours du président et des images (en direct) de l'embrasement de Ferguson, où manifestants et policiers se faisaient (à nouveau) face.
MSNBC n'est pas la seule chaîne à avoir choisi cette option : Twitter (puis Slate) ont bien noté le procédé des chaînes d'infos américaines.
Le policier a donné sa version au grand jury
Le procureur de Ferguson a également diffusé à la presse le compte rendu de l'audition du policier, dont la version n'avait encore jamais été entendue. Après son interpellation, soupçonné d'avoir volé des cigarillos un peu plus tôt, Brown se serait montré menaçant. Selon le témoignage de Darren Wilson, Brown aurait passé la tête et les bras à travers la porte de la voiture (le policier venait de se garer) puis aurait frappé le policier au visage. Ce dernier aurait alors attrapé son arme et menacé de tirer. Le jeune homme serait alors parvenu à saisir la main du policier, mettre la main sur son arme et pointer le pistolet vers la hanche du policier. "A ce moment-là, je suis sûr qu'il va tirer", ajoute dans son audition le policier. Selon LeMonde.fr, cela entérine la thèse de la légitime défense, même si Michael Brown n'était pas armé au cours de la course-poursuite fatale, à pied, qui a suivi cette scène de la voiture et qui, elle, a été largement racontée.
L'occasion de relire notre papier consacré aux (premières) émeutes de Ferguson : Le harcèlement policier des journalistes et des internautes amplifie les émeutes de Ferguson.