Emissions medias : Hugues (F5), le stalinisme, et "l'empathie"

Anne-Sophie Jacques - - Médias traditionnels - 0 commentaires


Thomas Hugues sur le canapé (ou tout comme) : dans une longue interview accordée à L’Obs, le présentateur de Médias le mag, émission hebdomadaire consacrée à l’actualité des médias, fait le point sur l'émission qui a succédé à Arrêt sur images. Il confesse notamment avoir reçu un appel de la direction de France Télévisions pour évoquer le traitement de l'annulation de Marine Le Pen à l'émission Des paroles et des actes en octobre dernier - et qui fut l'objet du coup d'une brève évocation commentée uniquement par leur invitée de la semaine, Léa Salamé.

Ancien journaliste de TF1 et joker de Patrick Poivre d’Arvor pendant quatre ans avant de se faire évincer de la chaîne en 2006, Thomas Hugues anime aujourd’hui une émission quotidienne sur RTL et, chaque semaine, Médias le mag, émission sur l’actualité des médias qui a succédé à Arrêt sur images sur France 5. Qu’est-ce qui le différencie de Daniel Schneidermann lui demande L’Obs qui interroge longuement le présentateur ? Réponse en forme de tacle : "Daniel Schneidermann se posait en procureur du paf. C’était parfois justifié. Arrêt sur images a levé un certain nombre de lièvres. Mais ce n’est pas dans ma nature. Je suis davantage dans l’empathie. […] Nous recevons chaque semaine un grand témoin. Nous racontons son histoire, tentons de le comprendre et de mieux le connaître. Si besoin, nous revenons sur ses éventuelles erreurs ou fautes de parcours. Mais nous ne sommes pas là pour le pulvériser pendant une heure. Médias le mag n’est pas un tribunal stalinien" conclut-il.

Côté crédibilité des médias, Hugues constate que lorsque qu’il "passe d’un site internet d’information à un autre, certains médias perdent en crédibilité" (sans pour autant citer de noms). Le journaliste estime qu’il y a danger de voir se dilapider "le trésor de guerre des journalistes" – un trésor disséqué ici-même récemment. Et sur sa propre indépendance ? Hugues confesse quelques pressions de la part de la direction de France Télévisions et notamment en octobre lors de l’annulation de la venue de Marine Le Pen sur le plateau de Des paroles et des actes suite au changement de règle du jeu, par l'équipe de l'émission, la veille à 23 heures 40 (comme nous le racontions ici).

Selon Hugues, après "un coup de téléphone" de la direction de l’information du groupe, il décide "de traiter l’info mais de ne pas en faire quarante-cinq minutes d’émission". En effet : après avoir évoqué cette annulation en neuf secondes dans le sommaire de l'émission du 25 octobre, annulation abordée également dans "La semaine médiatique" en 21 secondes, Hugues confie le soin à son invitée de la semaine, Léa Salamé, de commenter l'épisode en lui demandant... si Marine Le Pen exerce une fascination sur les journalistes. Tout juste se demande-t-il, dans ces deux minutes, si l'affaire est le résultat d'un "piège pour France télévisions. Ou est-ce qu'ils se sont... peut-être... je ne sais pas, tirés une balle dans le pied." Sans apporter de réponse à cette audacieuse question. Empathie, on vous dit.

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