Ecotaxe : mouvement récupéré par la "droitosphère" ? (Le Monde)

David Medioni - - Nouveaux medias - 0 commentaires

Le mouvement breton anti-écotaxe, qui vient de contraindre le gouvernement à "suspendre" la mesure, a comme ses prédécesseurs - Pigeons, Poussins, Moutons - fait des émules sur le web. Surtout, la "droitosphère" s'est mobilisée pour lui donner plus d'ampleur encore. Quitte à aller jusqu'à la récupération ? se demande LeMonde.fr.

Décidément, le quinquennat de François Hollande aura inspiré les contestataires non seulement dans leur capacité à trouver des noms originaux facilement mémorisables, mais aussi dans leur capacité à se mobiliser en ligne. Dernier exemple en date : le mouvement breton des bonnets rouges contre la mise en place de l'écotaxe, dont le Premier ministre a annoncé aujourd'hui la "suspension". Et comme ses prédécesseurs des pigeons, des poussins ou des moutons, le mouvement s'est beaucoup exprimé sur la toile. C'est ce que raconte LeMonde.fr dans une enquête publiée ce mardi. LeMonde.fr revient non seulement sur la mobilisation des bonnets rouges, mais aussi plus largement sur la façon dont la "droitosphère" a récupéré et amplifié le mouvement de contestation.

Ainsi, le quotidien s'intéresse aux différentes pages Facebook de soutien aux contestataires. Celle-ci (1300 likes), liée au "mouvement indépendantiste breton Adsav proche de l'extrême-droite". Mais aussi celle-là (747 likes), qui reprend "le logo du bonnet rouge, assorti du slogan "Non à l'injustice fiscale", qu'affiche depuis lundi Marine Le Pen sur son compte Twitter." Surtout, nos confrères s'attardent sur une troisième page Facebook qui recueille, elle, quelques 19 753 likes, s'intitule "Soutien aux agriculteurs bretons" et qui est la plus active.

Etudiant notamment les messages postés sur ces pages, LeMonde.fr remarque plutôt un discours "anti-impôts" en général qu'un discours pro bonnets rouges. "Au delà des agriculteurs, il faut vous rendre compte que vous êtes tous concernés par ce racket de l'Etat, eux nous montrent la marche à suivre, alors levons-nous !", pouvait-on y lire dimanche, parmi d'autres appels à élargir le mouvement à d'autres contestations, et à la démission de François Hollande", détaille LeMonde.fr. Surtout, si "ces pages ont peu de liens avec le mouvement bonnets rouges originel c'est bel et bien parce qu'elles ont été créées en dehors de celui-ci". C'est ce qu'a confirmé la FDSEA au journaliste du quotidien. "Contactée lundi, la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) du Finistère, en pointe dans l'organisation des protestations du week-end, confirmait ne pas avoir entendu parler d'aucune de ces pages Facebook, pas plus que du compte Twitter "bonnets rouges".

  

Plus largement, cette enquête du Monde met en lumière un fait nouveau. La façon dont la droitosphère, autrefois dispersée entre "les libéraux, les militants et sympathisants UMP, les militants catholiques et l'extrême-droite, a appris, avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, à faire front autour de causes communes. L'opposition au mariage homosexuel en a été l'illustration la plus parlante, tous ces groupes apaisant leurs différences au nom d'une "union des luttes" Elle est aujourd'hui capable de se mobiliser et de faire parfois oublier l'origine même d'un mouvement.

Pour mémoire, la droitosphère avait commencé à se mobiliser dès le lendemain de l'élection de François Hollande en mai 2012.

Lire aussi la chronique de Daniel Schneidermann: quand les otages pulvérisent l'écotaxe.

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