DSK, président à "stature" pour le Figaro
Daniel Schneidermann - - 0 commentairesVous aimez le DSK ? Vous allez être servis.
Vous n'avez pas fini d'en manger. Pour la trois cent quatre vingt quatorzième fois, Le Figaro répète ce matin qu'il est "le meilleur socialiste pour battre Sarkozy". Pour la trois cent quatre-vingt quatorzième fois, la question qui a été posée aux sondés n'est pas "pour qui allez-vous voter ?" mais "quelle est la personnalité qui peut battre Nicolas Sarkozy aux présidentielles ?" Autrement dit (faut-il vraiment le répéter ? Allez, je le répète tout de même, la répétition est mère de la pédagogie), autrement dit, donc, le sondé à qui les radios répètent depuis des mois que DSK est le mieux placé pour battre Sarkozy, que voulez-vous qu'il réponde quand on lui demande qui est le mieux placé pour battre Sarkozy ? Autrement dit, encore, le sondage engendre le sondage, le sondage naît du sondage. Après la circulation circulaire des paniques, la circulation circulaire des sondages. On n'en sort pas.
Divine surprise : il se trouve une écrasante majorité de 54 % des sympathisants Front de gauche, et une forte minorité de 44 % des sympathisants d'extrême-gauche, pour estimer que oui, DSK peut battre Sarkozy à la présidentielle. C'est bien la preuve que le pronostic est totalement déconnecté de l'intention de vote. Là où DSK excelle, ce serait pour "améliorer le rôle de la France dans le monde". Là, il va péter la baraque. On va l'entendre, face à Barroso, face aux Chinois. Et les Luxembourgeois ! Comme il va te leur envoyer des Roms ! Il n'aura pas besoin, lui, de se hisser sur la pointe des pieds, pour la photo avec Obama. Et puis, il héritera de l'avion avec douche. Le plus dur sera fait.
Attention néanmoins. A la question "sont proches de vos préoccupations", les dames prennent leur revanche. Là, Aubry (largement) et Royal (de quelques points) surclassent le champion. Quelles sont donc "nos préoccupations" de petits sondés ? Oh, des bricoles. Opinionway ne le précise pas, mais cela se déduit des autres questions, dans lesquelles les dames excellent. "Nos préoccupations", ce sont retraites, santé, emploi, environnement, inégalités sociales, éducation et formation (autrement dit, aux yeux du Figaro-Opionway, broderie, patchwork et macramé). On notera qu'éducation, emploi et inégalités sociales ne résultent pas d'une "politique". Non. Elles ne sont que des "préoccupations", sur lesquelles il est bienvenu que le président "à stature" puisse pencher de temps à autre sa stature. En prenant bien soin, toutefois, de ne pas faire craquer son costume.