Dieudonné /fraude fiscale : fuites dans Le Parisien
La rédaction - - 0 commentairesDieudonné devant le juge. L'enquête portant sur les pratiques fiscales douteuses de l'humoriste controversé Dieudonné, mis en examen pour "fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale, abus de bien sociaux et organisation frauduleuse d'insolvabilité" vient d'être bouclée, le 27 juin dernier par le juge Renaud Van Ruymbeke.
Le Parisien a mis la main sur des déclarations de Dieudonné au juge, dans lequel il tente de se justifier sur ces irrégularités, évoquant "une période très difficile, tant médiatique que financière."
L'envers du business de l'"humoriste" Dieudonné?Le Parisien, dans un article publié ce jeudi, révèle plusieurs éléments du dossier, et les justifications difficiles de l'artiste, dans l'enquête dujuge Renaud Van Ryumbeke, bouclée, le 27 juin dernier, sur les pratiques fiscales de l'humoriste Dieudonné. Dieudonné et sa compagne Noémie Montagne, mis en examen en juillet 2014, sont soupçonnés d'avoir détourné une partie des recettes non comptabilisées des spectacles à leur profit, et d'avoir cherché à échapper au paiement de l'impôt sur la fortune.
Les enquêteurs se sont interrogés sur près de 400 000 euros envoyés au Cameroun depuis 2009, pays où Dieudonné conserve des liens familiaux, alors même qu'il a, durant plusieurs années, refusé de s'acquitter d'amendes s'élevant au total à près de 65 000 euros. Ce refus a motivé l'enquête préliminaire sur son patrimoine. Ils se sont aussi penchés sur le rachat, par la société de production gérée par la compagne de l’artiste, Noémie Montagne, d'une propriété de Dieudonné mise aux enchères publiques forcées en raison d’une dette fiscale de près de 900 000 euros, pour un montant de 550 000 euros. Et ce, alors même qu'environ la même somme, toujours selon Le Parisien, auraient été levée par Dieudonné après un appel aux dons.
Enfin, fin janvier 2014, les enquêteurs ont découvert 650 000 euros en liquide au domicile du couple en Eure-et-Loir. Selon son avocat, l'argent proviendrait de la billetterie de son spectacle. Mais ces montants en espèces surprennent le juge Van Ruymbeke, étant "hors de proportion" avec les recettes en espèces déclarées par le couple sur les mois précédents, "compris entre 1.500 et 2.800 euros en liquide". Autrement dit, alors que la part d'argent liquide dans les recettes des spectacles était basse, elle a brusquement grimpé à plus de 100 000 euros par mois, fin 2013. Pour Dieudonné, l'explication réside dans la frénésie des spectateurs souhaitant assister à son spectacle, selon des propos rapportés par Le Parisien : "Les rares privilégiés qui pouvaient accéder au spectacle devaient être rapides et volontaires. Si j'avais été à leur place, j'aurais tiré de l'argent au distributeur qui se trouve à côté du théâtre et payé en espèces pour rentrer plus rapidement. C'est certainement ce qu'ils ont fait." Il aurait choisi d'entreposer ces espèces chez lui, dans un coffre fort plutôt qu'à la banque, pour cause de méfiance à l'égard des banques.
Des comptes en Suisse, Belgique et Singapour liés à Dieudonné
Mais les enquêteurs ont aussi découvert plusieurs comptes à l'étranger liés à Dieudonné. Un compte en Suisse, appartenant à son producteur helvéte, aurait servi à acheter, pour un montant de 26.625 euros, une "pénichette", pour "anticiper la perte du théatre de la Main d'or" et qui n'aurait jamais servi, selon Dieudonné. Sauf que le producteur, interrogé par les enquêteurs, a indiqué qu'il reversait une partie des recettes des spectacles en Suisse à la société des Productions de la plume, gérée par Noémie Montagne. Mais que depuis 2013, il devait verser l'argent à Merlin, l'un des fils de Dieudonné, sur un compte ouvert dans une banque à Singapour. Il a refusé d'en livrer les coordonnées à la police.
Un autre compte, celui-là domicilié en Belgique et depuis clôturé, aurait été utilisé pour financer partiellement l'achat d'une maison. L'argent ayant été viré, juste avant la transaction immobilière, depuis un compte ouvert au Luxembourg, sous le pseudonyme de "Merlin". Dieudonné affirme que cet argent viendrait d'un "don" de son père. "J'ai reçu deux dons de mon père, l'un en 2002, l'autre en 2009/2010". Seul le second a été déclaré à l'administration fiscale française. Selon Dieudonné, sa soeur, présente au moment du don, lui aurait assuré qu'il avait été déclaré au Cameroun. Ni la soeur ni le père de Dieudonné n'ont pu confirmer, termine Le Parisien : ils sont tous deux décédés.
L'occasion de lire notre enquête : "Soral contre Dieudonné, la guerre du quenelle-business"