Des amazones à la télé

Daniel Schneidermann - - (In)visibilités - 0 commentaires

On a assez contesté, ici et ailleurs, la nomination par le CSA

de la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte. On vous le racontait la semaine dernière. Manoeuvres, chausse-trapes, opacité à tous les étages, il est peu de dire qu'à en croire les journalistes spécialisés, la position de Ernotte, avant même son entrée en fonctions, est fragile. Pour ne pas parler de celle d'Olivier Schrameck, président du CSA.

Là-dessus, déboule le jamais décevant Renaud Revel, chroniqueur-blogueur medias de L'Express, et porte-parole attitré du syndicat unifié des dirigeants de la télé, passés, présents, et à venir. Tout transfert, toute rumeur de transfert, toute possibilité de nomination, tout rêve de démission, est un sujet "revelisable". Et donc, pendant le week-end, Revel publie un billet annonçant le départ de France Télévisions du directeur de l'info Thierry Thuillier (notre émission avec lui est ici) et sa possible arrivée sur Canal+. Jusque là, du classique, rien à dire.

Sauf qu'au détour de ce billet, Revel livre une indication sur la future équipe entourant Ernotte. Il évoque "la nouvelle pédégère, dont l'équipe prend le visage d'un cortège d'amazones". Diantre, un "cortège d'amazones" ! Qu'est-ce à dire ? Ernotte envisage-t-elle de recruter des guerrières scythes ou sarmates ? Plus simplement, en français, Revel signifie ainsi qu'il croit savoir que des femmes auraient été approchées pour des postes de responsabilité (le seul nom cité par le chroniqueur de L'Express est celui de Bibiane Godfroid, ancienne dirigeante de Canal+ et M6).Si Ernotte s'entourait, comme tous les PDG français, d'une équipe d'hommes, Revel parlerait-il d'un cortège de myrmidons ? C'est exactement par ce genre de remarque d'un sexisme néanderthalien, que l'on peut rendre inattaquable une dirigeante à la nomination contestée. Bien joué.

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