Débat avec un islamiste radical : la BBC critiquée
Gilles Klein - - 0 commentairesDonner ou nom la parole à un islamiste radical ? La BBC est critiquée pour avoir invité un imam extrémiste à un débat radiophonique sur l'assassinat d'un soldat, poignardé à Londres, en mai dernier, par deux islamistes, jugés et reconnus coupables ce jeudi.
La BBC subit de violentes critiques pour avoir invité Anjem Choudary, un imam extrémiste, à un débat diffusé sur Radio 4. Ce débat était consacré au meurtre du soldat Lee Rigby (25 ans) dans une rue de Londres, le 22 mai dernier. Deux Britanniques d'origine nigérienne ont heurté le soldat en voiture, puis sont descendus en criant "Allah Akbar" et l'ont tué en tentant de le décapiter avec un couteau et un grand couperet de boucherie. Se présentant comme les "soldats d'Allah", Michael Adebolajo (29 ans) et Michael Adebowale (22 ans) ont été reconnus coupables jeudi 19 décembre par un tribunal londonien. Leurs peines seront prononcées début 2014. L'un des deux hommes, couperet sanglant à la main, s'était adressé à une femme qui l'avait filmé avec son mobile, en essayant de le calmer. L'image avait fait la Une de la toute la presse britannique, et choqué l'opinion publique. Le débat organisé sur Radio 4 hier a donc enflammé les esprits. On y a entendu un imam qui a fui Londres pour le Liban, Omar Bakri déclarer «sa fierté» d'avoir compté Adebolajo au nombre de ses disciples. |
Anjem Choudary, imam extrémiste qui vit à Londres | Mais surtout il opposait Anjem Choudary, imam extrémiste, ancien leader du groupe al-Muhajiroun, interdit, qui vit toujours à Londres, sous surveillance policière, et Lord Carlile, ancien conseiller anti-terrorisme du gouvernement britannique. Interrogé plusieurs fois par le présentateur de la BBC pour savoir s'il condamnait ce meurtre, Choudary a systématiquement refusé de le faire, expliquant : "Le fait de savoir si nous condamnons, ou ce que nous ressentons, n'est pas important." "Qu'on soit d'accord ou pas avec ce qui s'est passé, on ne peut pas prédire les actions d'un individu dans une population de 60 millions, lorsqu'un gouvernement est clairement en guerre avec les pays musulmans. Je condamne ceux qui ont provoqué ce qui a eu lieu dans une rue de Londres, et je crois que David Cameron et sa politique étrangère en sont les responsables." |
Les deux hommes jugés coupables, hier, du meurtre du jeune soldat avaient participé à plusieurs manifestations organisées par le groupe al-Muhajiroun de Choudary à Londres.
Un député travailliste, John Spellar ( gauche, opposition) , a déclaré: "Je trouve tout à fait extraordinaire que quelqu'un qui est si hostile aux valeurs britanniques et aussi peu représentatif de la communité musulmane se voit régulièrement offrir une tribune par la BBC."
Outre le fait d'avoir invité Choudary, le présentateur de la BBC, John Humphrys a été aussi critiqué pour avoir dit à Choudary qu'il était "un représentant de la communauté musulmane, ou d'une partie d'entre elle" .
Interrogé pendant le sommet de Bruxelles, David Cameron le premier ministre, tout en précisant que la décision d'inviter Choudary dans une émission appartenait à la BBC, a regretté qu'on lui fasse de la publicité: "Il est effectivement important que nous nous assurions que tous les points de vue puissent s'exprimer." Mais pour Cameron "Choudary ne représente pas les Musulmans, il fait partie de la minorité d'une minorité qui doit être traitée comme telle ".
Le BBC s'est défendue face aux critiques : "Nous croyons qu'il est important de tenir compte du fait que de telles opinions existent et les commentaires de Choudary peuvent donner un aperçu des raisons pour lesquelles ce crime a eu lieu. Ses vues ont été vigoureusement contestées à la fois par le présentateur, John Humphrys, et par Lord Carlile."
La presse britannique annonçait vendredi la culpabilité des deux hommes. La version allégée de The Independent a choisi de montrer leurs visages, tandis que le tabloïd Daily Express a préféré montrer le soldat défunt en tenue de parade.