Chez "Économie Matin", l'IA est déjà partout

Loris Guémart - - Nouveaux medias - Déontologie - Numérique & datas - Financement des medias - 11 commentaires

Un abonnement ChatGPT fourni à l'ensemble des journalistes, et des plagiats à la pelle

Au sein des différents médias du journaliste Jean-Baptiste Giraud, ChatGPT est utilisé à tous les étages, même si l'ampleur de son usage varie au sein de la rédaction. Avec à la clé des embauches, assure le patron de presse web à "Arrêt sur images", malgré quelques ratés tels qu'une explosion des plagiats.

En mai 2023, OpenAI a rendu public ChatGPT depuis à peine plus de six mois. Jean-Baptiste Giraud, patron de presse et invité épisodique de CNews et de BFMTV , ne cache pas son immense enthousiasme . "L'intelligence artificielle va transformer radicalement les médias, en révolutionnant totalement les méthodes de travail des journalistes", écrit le fondateur et propriétaire du groupe de sites web d'actualité Économie Matin, dans ce texte dont il assure qu'il a été coréalisé avec un grand modèle de langage (ou LLM pour "Large language model"). Moins de deux ans plus tard, le journaliste a intégré l'usage de l'IA dans l'ensemble de ses médias – Économie Matin, Politique Matin, l'Energeek, Juriguide, l'Automobiliste, armees.com ou Santé Matin, pour ne nommer que les plus importants. 

Recherches, synthèses de communiqués de presse, secrétariat de rédaction, assistance à l'écriture, traductions, et déclinaisons d'un même article avec différents angles sont autant de rôles désormais assumés en tout ou partie par ChatGPT, que sa société fournit à tous les journalistes, explique Jean-Baptiste Giraud à Arrêt sur images

Ce qui lui permet de démultiplier les contenus sur ses différents sites, notamment afin de maintenir l'intérêt de l'algorithme de Google et de son tout-puissant service Discover capable de faire et de défaire les revenus de nombreux médias s'appuyant sur la publicité. Si le patron de presse assure qu'il a conservé une supervision humaine des contenus à tous les niveaux, des dizaines de plagiats traduits issus de médias anglophones publiés sur certains de ses sites permettent d'en douter.

Enquête dans le prolongement de celles de "Next" et de "Libération"

Le point de départ de cet article, c'est un appel du journaliste de Next Jean-Marc Manach, plongé dans une recension approfondie de plus de 1000 sites web d'info "GenAI" (pour "IA générative") présents dans Google Actualités – à tel point que Next a réalisé une extension de navigateur pour ne pas se faire piéger. Le journaliste identifie une galaxie de "vrais" médias, c'est-à-dire de sites web reconnus comme médias d'actualités, ayant à leur tête un personnage public et employant des journalistes. Ce personnage, c'est Jean-Baptiste Giraud, sur lequel ASI s'est déjà penché dans le cadre de notre enquête sur l'agence d'influence Avisa partners dont ses médias avaient publié des textes, ainsi qu'à propos de sa cofondation de l'Institut libre de journalisme, une "école de journalisme pour la droite identitaire". Jean-Marc Manach a alors proposé à l'auteur de ces lignes de fournir les informations en sa possession, comme il l'a fait dans le cadre du partenariat de Next avec Libérationayant mené à de très nombreux articles publiés par le quotidien, notamment via sa rubriqueCheckNews –, charge à nous de mener l'enquête à son terme. Compte tenu de l'intérêt public du sujet, ASI a accepté – après publication de cet article, Next a aussi publié un article de Jean-Marc Manach à ce propos. 

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