Burkini / conseil d'Etat : Joxe ne se baignera pas en pyjama
La rédaction - - 0 commentairesL'arrêté dit "anti-burkini" pris par le maire de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes) constitue "une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales" et doit être suspendu, a estimé le Conseil d'Etat le 26 août. Mais plusieurs maires de communes ayant pris un arrêté identique, ainsi que le Premier ministre Manuel Valls, se sont élevés contre la décision de la plus haute juridiction administrative.
À Villeneuve-Loubet, il est de nouveau possible de se baigner en "burkini". L'arrêté pris par le maire de cette commune des Alpes-Maritimes qui interdisait de se baigner "à toute personne ne disposant pas d’une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et du principe de laïcité", a été invalidé par le Conseil d'Etat. Ce dernier a estimé que l'arrêté constituait une "atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle", et qu'il ne se justifiait pas par des problèmes de trouble à l'ordre public. Le Conseil se prononçait suite à un recours déposé par le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) et la Ligue des droits de l'Homme (LDH).
Il n'est pas certain que sa décision mette fin à la polémique de l'été – dont @si vous racontait ici les origines et le traitement médiatique. Plusieurs maires de communes ayant pris des mesures similaires (ils sont une trentaine en tout) ont en effet indiqué qu'ils ne retireraient pas leurs arrêtés. La LDH a répliqué qu'elle les poursuivrait. Quant au Premier ministre (qui avait publiquement soutenu les maires concernés), il a estimé que l'ordonnance du Conseil d'Etat "n'épuisait pas le débat" et que "dénoncer le burkini, [n'était] en aucun cas mettre en cause une liberté individuelle".
Extrait du billet posté sur Facebookle 26 août 2016 par Manuel Valls
"Le droit des femmes à porter les vêtements de leur choix" (Joxe)
Conséquence inattendue de l'ordonnance du Conseil : elle a conduit un ancien ministre de 81 ans à... troquer son pyjama pour un short. Dans un billet grinçant (et largement repris), l'ancien ministre de l'Intérieur Pierre Joxe s'en prend à l'arrêté de Villeneuve-Loubet et salue son invalidation. Il raconte comment "pour affirmer le droit des femmes à porter les vêtements de leur choix", mais également pour "inciter Jean-Pierre Chevènement à un peu plus de discrétion", il avait décidé d'aller se baigner en pyjama. "Rassuré" par la décision du Conseil d'Etat, le membre honoraire du Conseil constitutionnel est finalement allé se baigner "en short".
Pierre Joxe sur le plateau d'ASI, en avril 2015
L'occasion de revoir notre émission avec Pierre Joxe, où l'ancien ministre revenait sur les représentations médiatiques du travail, mais également sur la laïcité et l'islamophobie. Et pour un rattrapage sur la controverse la plus médiatique de l'été, c'est par ici : "Burkini : de la difficulté, pour les télés, d'illustrer un micro-phénomène"