Bruxelles/arrestation : la presse se trompe de suspect

Sébastien Rochat - - Intox & infaux - 0 commentaires


Encore trop vite.

A force de courir derrière l'info, les médias belges et français ont annoncé, par erreur, l'arrestation de l'un des suspects de l'attentat à l'aéroport de Bruxelles, un certain Najim Laachraoui. Ce mercredi 23 mars au matin, la presse belge (Metro belgique, RTL, DHnet) et française (AFP, Le Point...) annoncent son arrestation. Parfois avec du conditionnel... et parfois sans :

De son côté, BFMTV va d'abord annoncer l'arrestation du suspect, puis émettre des doutes, avant de reconfirmer l'info... jusqu'à finir par dire qu'elle était fausse :

Il y a bien eu une interpellation, mais l'individu n'est pasNajim Laachraoui, l''artificier présumé des attentats du 13 novembre et de Bruxelles. Tous les sites de presse ont rétropédalé. Le site belge "La Dernière Heure", l'un des premiers à avoir annoncé par erreur l'arrestation de Laachraoui, a fini par s'excuser : "Nous présentons nos excuses aux internautes pour cette erreur. Partant de plusieurs sources sérieuses, contactées directement par notre journaliste sur le terrain et confirmant l’arrestation de Najim Laachraoui, nous l’avons affirmé sur le site de La Dernière Heure. Sans rentrer dans les détails et sans nous dédouaner de notre propre responsabilité, il semble y avoir eu confusion entre individus au niveau de ces sources.".

La Belgique a basculé dans l'info en continu



Un tel ratage de la presse est classique en France. La course à l'info est moins habituelle en Belgique. Avec les attentats de Bruxelles, la Belgique a véritablement basculé dans l'info en continu. C'est ce qu'explique au Monde le rédacteur en chef du quotidien Le Soir, Christophe Berti : "Pour les médias traditionnels belges, cette temporalité du direct est une nouveauté". A la différence de la France qui compte trois chaînes d'info en continu (et bientôt quatre avec le projet de France télévisions), la Belgique n'en a aucune. "Dans la temporalité du direct, les processus de validation des informations, largement issues des réseaux sociaux dans les premières heures, sont à l’épreuve", rappelle Le Monde. Du coup, certains médias belges (mais aussi français) vont trop vite, notamment en diffusant quelques minutes après les explosions une vidéo censée montrer des images de l'attentat (qui sont en fait des images d'un attentat de 2011).

Parallèlement à la gestion de l'info en direct, les médias belges ont également dû s'interroger sur ce qui était possible de publier ou pas, en fonction de l'avancée de l'enquête. En novembre 2015, les médias belges avaient accepté, pendant quelques heures, de ne plus rien diffuser à la demande de la police pendant des perquisitions antiterroristes. Pendant ces quelques heures de blackout, les médias avaient publié des photos de chat sur les réseaux sociaux.



Cette fois-ci, pour les attentats de Bruxelles, aucun blackout : "On a senti très fortement que l’autorité publique ne voulait pas rééditer l’expérience de la ville fermée. A aucun moment nos journalistes ne se sont sentis interdits d’information ou muselés", assure Christophe Berti. Exemple ? La diffusion des principaux suspects filmés par les caméras de vidéosurveillance. Seule restriction : la police belge a demandé aux médias de ne plus indiquer le lieu des perquisitions à la suite des attentats, afin de ne pas alerter les éventuelles cibles.

L'occasion de relire notre observatoire : "Attentats à Bruxelles : fausse vidéo, bandeau erroné, dérapages sur Twitter"

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