"Broadly" : Vice lance une chaîne féministe

Robin Andraca - - Publicité - 0 commentaires

Vice (le groupe multimédia qui n'aime pas dire du mal des marques) étend son empire : après avoir lancé un site sur la musique (Noisey), les nouvelles technologies (Motherboard), la nourriture (Munchies), le sport (Vice Sports), la mode (i-D), les sports de combat (Fightland), Vice a dévoilé début août sa nouvelle chaîne, Broadly. Un site féministe, sponsorisé par la multinationale Unilever.

Page d'accueil de Broadly, le 06/08/2015

Que trouve-t-on au juste sur cette nouvelle chaîne, décrite par le directeur créatif du groupe Vice, Eddy Moretti, comme un nouvel espace pour "raconter des histoires qui intéressent les jeunes femmes" ? Des enquêtes, des documentaires, des interviews et six rubriques : "Vidéo", "Sexe", "Drogues", "Politique", "Culture" et "Horoscopes". Pour le reste, on est en terrain connu : sur Broadly, comme sur la plupart des chaînes Vice, on titre en effet fort, très fort, et de préférence sur la drogue ou le sexe. Ainsi, en page d'accueil, pouvait-on lire aujourd'hui le récit d'un concours de beauté d'un nouveau genre, qui a lieu une fois par an à Portland depuis 2010, intitulé : "Tous les vagins sont uniques : expédition dans un concours de beauté de vagin, à Portland".

L'article en question

Virginie Despentes, première invitée

Une formule qui s'applique aussi aux entretiens vidéo : l'écrivain français Virginie Despentes en a d'ailleurs fait les frais dans cette interview, ultra-montée d'une dizaine de minutes. Comment le site a-t-il titré cet entretien, par ailleurs plutôt classique ? "Virginie Despentes, on killing rapists" (“Virginie Despentes, à propos du fait de tuer les violeurs)”. Un titre explosif qui fait référence à une réflexion, un peu moins explosive, de l’auteure pendant l’interview : “Est-ce qu’on estime que le viol est un sujet assez important pour autoriser les femmes à tuer des hommes ? C’est une question intéressante à mon avis”.

"construire un dialogue authentique, solide, et durable avec nos clientes"

Une nouvelle chaîne donc, destinée aux femmes, que Vice ne financera pas seul. Déjà associé avec HBO ou la NFL (la Ligue Nationale de Football Américain aux Etats-Unis) sur d'autres chaînes, le groupe a signé un partenariat pluriannuel avec Unilever, géant des produits de grande consommation et quatrième acteur mondial sur le marché de l'agroalimentaire, en vue de la création de Broadly.

Une volonté de dialogue d'autant plus essentielle que les femmes représentent... 78% des ventes du groupe. "Elles sont la colonne vertébrale de notre gamme de produits", avoue Weed. Un partenariat qui permettra donc à Unilever de prendre part au contenu du site et de mettre en avant la marque de savon Dove ou les produits coiffant TRESemmé. Si tout cela avait été annoncé, en toute transparence, lors d'un festival en juin dernier à Cannes (et repris par le Guardian), nulle mention de ce partenariat dans la section "A propos" de Broadly. Pour l'instant ?

L'occasion de revoir notre entretien, non monté, avec Virginie Despentes : "La peur, la colère, les gouines, d@ns le texte".

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