Bolloré/Ubisoft : "Et s'il fallait s'en réjouir ?" (Merlan Frit)

Vincent Coquaz - - 0 commentaires

Une semaine. C’est le temps qu’il aura fallu pour que Vincent Bolloré, entré

au capital d’Ubisoft la semaine dernière, devienne le premier actionnaire du numéro un français (et numéro trois mondial) du jeu vidéo. Une montée au capital qui ne plaît pas spécialement aux fondateurs de l’entreprise, les frères Guillemot, qui préféraient garder leur indépendance. D’autant que Bolloré est dans le même temps devenu premier actionnaire de Gameloft, autre entreprise des Guillemot, spécialisée dans le jeu mobile. "Nous allons nous battre pour préserver notre indépendance, nous ne devrions pas laisser cette situation –ni d’éventuelles actions futures par Vivendi ou autres-, nous distraire de nos objectifs", estimait Yves Guillemot, dans un mail dévoilé par GamesIndustry.biz. De quoi inquiéter également certains fans d’Assassin’s Creed ou de Rayman, séries phares d’Ubisoft, à l’heure où Bolloré reprend fermement les rênes de Canal+ (avec pour l’instant un succès tout relatif).

Une voix discordante se fait pourtant entendre, celle de Martin Lefebvre, auteur du blog Merlanfrit (bien connu des @sinautes). Lui ne voit pas vraiment le problème, même s’il n’a aucune "sympathie pour Vincent Bolloré". Pour lui, l’homme d’affaires "est la version contemporaine, décomplexée, de l’entrepreneur réactionnaire façon Francis Bouygues, qu’on adore détester et qui nous le rend bien". Mais pour Lefebvre, "Ubisoft est le plus médiocre des grands éditeurs" et la réaction des Guillemot est hypocrite. "Les Assassin’s Creed tournent en rond depuis des années, tout en mobilisant des centaines de créatifs qui auraient sans doute mieux à faire : on a l’impression qu’Ubisoft force ses cordons bleus à produire à la chaîne de la pâtisserie industrielle", prend-il comme exemple. Bref, pour le blogueur, Ubisoft a "fait plus de mal que de bien au jeu vidéo français", notamment en délocalisant "massivement ses activités à Montréal, tout en pillant les talents locaux", "formés aux frais du contribuable français par l’ENJMIN, [puis] partis travailler au Québec".

Et Lefebvre d’insister : "Et je ne parle même pas de Gameloft, qui est l’équivalent vidéoludique de Direct8, avec moins de succès. Le mariage – fut-il forcé – entre Bolloré et Ubisoft ne me chiffonne pas plus que cela : les médiocrités s’attirent, et je suis impatient de voir Cyril Hanouna dans le prochain Lapin Crétins, Rayman interviewé par Maïtena Biraben, le cameo d’Enora Malagré dans Assassin’s Creed 2016, la photo sur laquelle Nicolas Sarkozy se détend en jouant à la version mobile de Far Cry 6. Ou plutôt je suis impatient d’ignorer tout cela, d’un seul bloc."

Une autre initiative montre aussi qu’une partie des joueurs semble plus amusée qu’amère face au rachat : la "Bollosoft". Un développeur et testeur de jeux indépendants a ainsi lancé un concours de mini-jeux où le principe est d’imaginer "la parfaite symbiose de l'ami Vincent et des jeux Ubisoft". Dans un mois, les résultats seront dévoilés. Et le jeu "Maïtena Biraben et les Lapins Crétins est déjà en chantier".

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