Baupin : Pompili refuse "l'injonction d'être une victime"

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Forcée de se déclarer victime de Denis Baupin ? La secrétaire d’État chargée de la biodiversité et ancienne coprésidente du groupe EELV de l'Assemblée affirme avoir subi des pressions en ce sens. Si elle refuse d'accabler le député qui a dû démissionner de son poste de vice-président de l'Assemblée pour cause d'accusations de harcèlement sexuel, elle dénonce le fait de se retrouver elle-même "

en position d'accusée" voire de "complice", pour ne pas l'avoir dénoncé.

"Des SMS charmeurs". Ce sont les seules avances que déclare avoir reçues Barbara Pompili de la part de Denis Baupin, député écologiste accusé par la presse de harcèlement et agression sexuelle sur plusieurs élues et collaboratices des Verts. "J'ai plaisanté avec lui de ça, puis je lui ai demandé d'arrêter quand je comprenais qu'il était sérieux. Il s'est platement excusé et a dit "je ne veux pas que ça crée de problème entre nous", développe-t-elle selon l'AFP. "J'ai souvent été sollicitée par des hommes qui me trouvaient sympathique et qui voulaient aller plus loin avec moi", relativise encore la députée écologiste selon Le Figaro.

Lefigaro.fr - 18 mai 2016

"Je me suis retrouvée en position d'accusée"

Devant des journalistes parlementaires, Pompili s'est défendue aujourd'hui de tout excès de bienveillance envers Baupin. Sans chercher à "le couvrir" elle raconte ne pas avoir "voulu contribuer à l'acharnement sur lui". La députée écologiste explique avoir refusé des sollicitations de se joindre aux accusations contre Baupin révélées par Mediapart et France Inter la semaine dernière. "On m'a demandé de me placer en victime de Baupin, de dire que j'avais reçu des SMS, que je m'étais sentie harcelée et agressée. Comme j'ai refusé, je me suis retrouvée en position d'accusée. Dans cette histoire, on est soit victime, soit complice", déplore l'ancienne coprésidente du groupe EELV à l'Assemblée nationale. "Cela me met en colère ! C'est assez terrible, cette injonction à être une victime", a-t-elle ajouté.

L'une des députées ayant fait état d'un comportement de harcèlement de Baupin, Isabelle Attard, avait affirmé que Barbara Pompili avait été aussi harcelée. "Je respecte la parole d'Isabelle Attard : j'aimerais qu'elle ne s'arroge pas le droit de parler à ma place" lui avait répondu l'intéressée dans une déclaration.

Pompili déclare néanmoins se réjouir du fait que la justice a été saisie afin de donner "un cadre au débat sur sa culpabilité" après l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris. " C'est mieux pour les personnes qui l'accusent, mais aussi mieux pour Baupin, pour qu'il puisse se défendre" a-t-elle déclaré. Pour la députée écologiste, "draguer, c'est acceptable. La limite dépend des personnes et de ce qu'elles ressentent".

Un portrait de LIbé "à connotation sexuelle"

Libération.fr - 26 septembre 2012

Si Pompili dément avoir été une des victimes de Baupin, elle a tenu à revenir sur les dérives sexistes dont elle a par ailleurs, selon elle, été victime. Elle prend l'exemple d'un portrait de Libération, publié en 2012, dont la photo aurait "une connotation sexuelle". Elle dit s'être alors sentie "humiliée, honteuse", avoir eu "envie de se cacher sous terre et en avoir pleuré". "Je n'ai jamais eu d'excuses, pas un regret" de la part du journal, affirme-t-elle. Une preuve selon elle du sexisme ordinaire, comme celui qui règne sur les réseaux sociaux sur lesquels elle se ferait "tous les jours traiter de pute". Des messages qu'elle aurait signalé en vain et qui "font partie des réalités quotidiennes d'une femme politique".

(par Maxime Jaglin)

Pour tout comprendre àl'affaire Baupin, regardez notre dernière émission, avec notamment Lénaïg Bredoux, journaliste à Mediapart.

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