Agression homophobe : la fachosphère ricane (un peu vite)
Anne-Sophie Jacques - - (In)visibilités - 0 commentairesLes anti-mariage pour tous avaient-ils inspiré l’agression homophobe de deux hommes dans le 19e arrondissement de Paris en avril dernier ? Pas du tout ! se gargarise aujourd’hui la fachosphère, qui dénonce une manipulation. En effet, Metro et Le Parisien racontent que les suspects, dont les noms auraient été connus de la police une semaine après l’agression, sont originaires d'une cité parisienne, donc loin des milieux anti-mariage pour tous comme présumé à l'époque. Mais rien ne dit que les agresseurs – dont deux ont été écroués vendredi dernier – n’aient pas été encouragés par le climat ambiant.
Depuis hier la fachosphère ricane. Selon les infos révélées la semaine dernière parLe Parisien puis cette semaine par Metro, quatre suspects dans l’agression homophobe de deux hommes en avril dernier ont été arrêtés et deux d’entre eux écroués. D'après Metro, les noms des agresseurs étaient connus des services de police une semaine après l’agression. Selon le parquet cependant, "au 25 avril 2013, date de l'ouverture de l'information judiciaire, aucun nom de suspect ne figurait dans le dossier". Mais les sources du quotidien sont formelles : les quatre noms donnés à la police sont bien ceux des suspects arrêtés la semaine passée. Pourquoi la fachospère – et le site François Desouche en tête – se gausse-t-elle de cette information ? Car les suspects sont quatre jeunes âgés de 17 à 19 ans, déjà connus des services de police pour des faits de violence et viennent d'une cité du 19e arrondissement. Donc rien à voir avec des manifestants anti-mariage pour tous comme il fut un temps envisagé. |
En effet, comme le rappelle Le Parisien, à l’époque "certaines associations luttant contre l'homophobie avaient fait le lien entre le mouvement anti-mariage gay et cette agression. Plusieurs associations, dont Act-Up, SOS Homophobie et Aides, avaient appelé à un «rassemblement d'urgence» pour «dénoncer la haine déversée depuis des mois» par les opposants au projet de loi sur le mariage homosexuel, «haine qui s'est intensifiée ces dernières semaines»". Wilfred de Bruijn, l’une des victimes, faisait d’ailleurs lui-même ce lien, comme il le racontait au Nouvel Observateur : "bien sûr, ce n'est pas Henri Guaino qui m'a tabassé. Mais on a vu des gens qu'on peut respecter pour leur intelligence, des hommes politiques, des évêques, s'exprimer de manière violente, inouïe, rejeter des gens comme un danger pour la société, les enfants, c'est très choquant". Au passage, comme nous le racontions ici, le Nouvel Obs avait titré sur Henri Guaino, lequel s’en était plaint à la radio, ce qui avait probablement motivé l’Obs à changer de titre.
Aujourd’hui donc, on sait que les agresseurs ne fréquentent pas les cercles de Frigide Barjot et de Henri Guaino. D’où la conclusion du site François de Souche : "comme nous l’avions pressenti, l’affaire « Wilfred » était une manipulation". Reste qu’on ne peut pas exclure que la violence homophobe ait été encouragée par un climat ambiant.