Acrimed accuse Françoise Laborde de plagiat

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Après PPDA, Joseph Macé-Scaron, Rama Yade ou encore Patrick de Carolis, c'est au tour de Françoise Laborde, membre du CSA et ancienne journaliste de France 2, d'être accusée de plagiat. Selon le site Acrimed, Françoise Laborde et Denise Bombardier ont recopié un article paru sur Slate.fr dans leur livre intitulé Ne vous taisez plus !, publié chez Fayard en octobre. Deux actions en justice seraient en cours.

et ancienne journaliste de France 2, d'être accusée de plagiat. Selon le site Acrimed, Françoise Laborde et Denise Bombardier ont recopié un article paru sur Slate.fr dans leur livre intitulé Ne vous taisez plus !, publié chez Fayard en octobre. Deux actions en justice seraient en cours.

L'objet du délit se situe entre les pages 63 et 65 de l'ouvrage de Françoise Laborde et Denise Bombardier. Dans le contexte de l'affaire DSK, elles ont publié un essai dénonçant le machisme à la Française. Et d'après le site Acrimed, elles auraient recopié un article de Claire Levenson, journaliste à New York, paru dans un premier temps sur Slate.fr en juin 2011, puis reproduit dans un ouvrage collectif, Un troussage de domestique, publié en août 2011 aux Editions Syllepse.

Selon Acrimed, Laborde et Bombardier sont "prises en flagrant délit de plagiat" à deux reprises. Ainsi, dans leur livre, elles citent un article du New York Times, qu'elles commentent. Cet article est également cité dans l'article de Slate.fr et commenté dans quasiment les mêmes termes.

Démonstration :

Extrait du livre de Laborde/Bombardier (oct. 2011)

Extrait de l'article original de Slate.fr (juin 2011)

L’attitude française serait liée à une tradition intellectuelle qu’a soulignée récemment dans le New York Times l’historienne Joan Scott. Celle-ci indique que, pour les Français, l’«alternative à l’égalité entre les sexes est l’acceptation d’un jeu érotisé des différences». Ainsi, la femme acquerrait du pouvoir en étant désirée par les hommes et pourrait de la sorte rééquilibrer le rapport de force. Le féminisme serait, de ce point de vue, «un apport étranger», en décalage avec les mœurs françaises. Et, surtout, il mettrait en danger la galanterie française.

 


Le modèle - celui d’une «galanterie française» est à distinguer du combat égalitaire des féministes américaines, accusées de forcer les femmes à nier leur féminité. Pour ce courant, il s’agit d’opposer le «commerce heureux entre les sexes» à la judiciarisation excessive des rapports hommes-femmes aux États-Unis. Ce discours de l’exception française a d’ailleurs été construit en réaction à la politisation des questions sexuelles en Amérique à la fin des années 1980.

L’attitude française, elle, est en partie liée à une tradition intellectuelle qu’a examinée l’historienne de Princeton Joan Scott. Celle-ci soulignait récemment dans le New York Times que pour certains historiens et sociologues français, l’«alternative à l’égalité entre les sexes est l’acceptation d’un jeu des différences érotisé». L’idée est que la femme acquiert du pouvoir en étant désirée par les hommes, et que grâce à cela elle parvient à rééquilibrer le rapport de forces. Scott ajoute que pour ces intellectuels (elle cite Claude Habib, Mona Ozouf et Philippe Raynaud), le féminisme est vu comme «un apport étrange», en décalage avec les mœurs françaises.

Le modèle défendu est celui d’une «galanterie française», à distinguer du combat égalitaire des féministes américaines, accusées de forcer les femmes à nier leur féminité. Pour ce courant, il s’agit d’opposer le «commerce heureux entre les sexes» (Mona Ozouf) à la judiciarisation excessive des rapports aux États-Unis. Ce discours de l’exception française a d’ailleurs été «construit en réaction contre la politisation des questions sexuelles aux Etats-Unis à partir de la fin des années 1980», souligne le sociologue Éric Fassin.


Autre exemple avec une citation du livre de la journaliste américaine Elaine Sciolino (que nous avons reçu dans notre dernière émission D@ns le texte).

Extrait du livre de Laborde/Bombardier (oct. 2011)

Dans plusieurs interviews tirées du nouveau livre de la journaliste du New York Times, Elaine Sciolino, on entend des discours qui font écho à cette conception des rapports homme-femme «à la française». Une chef d’entreprise interrogée explique ainsi que les femmes utilisent la séduction «comme une armée pour se défendre contre le machisme des hommes». Beaucoup critiquent la vie de bureau dite à l’américaine, «le travail sans séduction : quel ennui !»

Les Français ont donc tendance à glorifier le jeu de séduction, là où beaucoup d’Américains y voient un abus de pouvoir. De même, de nombreuses femmes interviewées dans ce livre n’ont pas été gênées par les remarques que les hommes se permettaient de faire en public sur leur physique. À Paris, dans les lieux publics, plus qu’à New York, les femmes sont sujettes à des sifflements et petites remarques, voire à des mains baladeuses.

Extrait de l'article original de Slate.fr (juin 2011)

Dans plusieurs interviews tirées de La Séduction. How the French play the Game of Life [2], le nouveau livre d’Elaine Sciolino, journaliste au New York Times, on entend des discours qui font écho à cette conception des rapports homme/femme «à la française». Une chef d’entreprise interrogée explique ainsi que les femmes utilisent la séduction «comme une arme pour se défendre contre le machisme des hommes». Beaucoup critiquent la vie de bureau dite à l’américaine, «Le travail sans séduction, quel ennui !». […]

De même, de nombreuses femmes interviewées dans le livre n’étaient pas gênées par les remarques que les hommes se permettent de faire en public sur leur physique. À Paris, plus qu’à New York, les femmes sont sujettes à des sifflements et petites remarques, voire à des mains baladeuses.

D'après Acrimed, la justice serait saisie de cette affaire de plagiat avec "une assignation en contrefaçon délivrée par les éditions Syllepse à l’encontre des éditions Fayard", et "une action en contrefaçon pour violation de son droit moral intentée par Claire Levenson parallèlement aux éditions Syllepse".

Suite à la publication de l'article d'Acrimed, le Journal de Québec a contacté Denise Bombardier pour en savoir plus. Dans cet entretien téléphonique (diffusé sur Youtube avec l'accord de l'auteur, selon Acrimed), Bombardier rejette le terme de plagiat. Laborde n'aurait fait qu'emprunter un "truc" sur internet. D'ailleurs, d'après elle, les avocats de Fayard lui auraient dit "qu’il n’y a pas de plagiat, parce qu’il n’y a pas de droit encore pour ça sur les affaires de blog et de sites".

Un nouvel élément pour notre dossier "Edition, media, critiques : le pacte infernal".

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