Les (mauvais) comptes de Balladur en 1995 (Le Monde)

Gilles Klein - - 0 commentaires

Les comptes de la campagne présidentielle de M. Balladur comportaient "un versement suspect de 10,25 millions de francs (1,56 million d'euros), en espèces. Cet argent pourrait provenir de rétrocommissions, selon une hypothèse privilégiée dans l'enquête menée par le juge Renaud Van Ruymbeke sur la vente de sous-marins au Pakistan, en 1994."

écrit Le Monde.


"Les débats ont duré cinq jours. Autour de la table ovale du Conseil constitutionnel, en ce mois d'octobre 1995, l'atmosphère est tendue. Roland Dumas et les huit autres membres doivent trancher une question brûlante : peuvent-ils ou non invalider les comptes de campagne des deux principaux candidats de la droite, le vainqueur de l'élection présidentielle, Jacques Chirac, et son adversaire, éliminé dès le premier tour, Edouard Balladur ?"

"Depuis la mi-juillet, dix rapporteurs, tous hauts fonctionnaires du Conseil d'Etat et de la Cour des comptes, ont épluché, facture après facture, les dépenses et les recettes des neuf candidats du premier tour. Jacques Chirac et Edouard Balladur posent de sérieux problèmes. Des versements en liquide figurent sur les comptes de campagne sans aucune justification. Tout l'été, les rapporteurs ont réclamé des explications."

"Une demi-douzaine de lettres recommandées ont été adressées à M. Balladur, dont l'association de financement a été notamment créditée de 10,25 millions de francs en espèces (1,56 million d'euros) le 26 avril 1995. Son trésorier, René Galy-Dejean, donne des explications fluctuantes : des ventes de gadgets, explique-t-il d'abord, des tee-shirts, indique-t-il ensuite.« Le candidat ne sait manifestement pas quelle argumentation opposer aux questions », écrivent les trois rapporteurs, Martine Denis-Linton, Rémi Frentz et Laurent Touvet."

"Pressés par Roland Dumas, ils " oublient " la provenance incertaine des 10,25 millions de francs d'Edouard Balladur, réintègrent dans ses dépenses 5 929 628 francs, ce qui le laisse opportunément juste en dessous du plafond de 90 millions de francs autorisé pour les candidats du premier tour. (...) Ce jour-là, la rigueur des gardiens de la Constitution fera tout de même une victime. Jacques Cheminade, qui a obtenu 0,28 % des voix au premier tour, voit ses comptes invalidés : il a obtenu un prêt sans intérêts. Ne pouvant bénéficier du remboursement partiel de l'Etat, il est ruiné."

Sur Europe 1, dans l'émission Mediapolis, Dominique Paillé, porte-parole de l'UMP, a déclaré "Si ce qui est indiqué [dans l'article du Monde] est vrai, je pense que cette affaire est un véritable scandale". "Ça donne l’impression de petits arrangements entre amis et cela porte atteinte à l’évidence à l’intégrité de notre République (...) Le Conseil Constitutionnel, compte tenu de ce que l'on découvre aujourd'hui, a certainement besoin d’être un peu rénové et notamment dans les modes de désignation."


Il est question de cet épisode dans notre émission Karachi: "Sarkozy est forcément impliqué"

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